O, Lucky Man !
"Lucky Jim", c'est Jim Dixon. Il est chargé de cours en histoire médiévale dans une université des Midlands. Sa vie n'est pas très enviable. Jim est en permanence dans l'incertitude de perdre son...
le 26 avr. 2020
"Lucky Jim", c'est Jim Dixon. Il est chargé de cours en histoire médiévale dans une université des Midlands.
Sa vie n'est pas très enviable. Jim est en permanence dans l'incertitude de perdre son poste. Il déteste ce qu'il fait mais n'a pas les moyens de changer de milieu. Il doit en permanence se valoriser aux yeux de son supérieur, un vieux professeur ahuri, déconnecté de la réalité et quelque peu imbu de sa personne. Lorsqu'il quitte l'université, il n'a rien pour lui mis à part l'alcool et le chantage émotionnel que lui fait sa collègue Margaret.
C'est quand il essayera de se défaire de ce trou à rats qui lui sert de vie que les évènements vont se précipiter et faire de "Lucky Jim" un des livres les plus lumineux de la littérature anti-système. Héros moyen par excellence, brillant plus par ses défauts que ses (rares) qualités, Dixon va se révéler à la fois gaffeur et redoutablement ingénieux, attachant en diable. C'est une telle joie de suivre la révolte d'un homme aux prises avec son désir et les conventions sociales.
L'intérêt pour le système universitaire anglais et le caractère superficiel de la société anglaise nous renvoient immédiatement à Evelyn Waugh, notamment à son "Grandeur et Décadence".
S'il est certain que Kingsley Amis trouve ici son point de départ, la suite du traitement est pourtant singulièrement différente. L'oeuvre de Waugh détricotait les conventions sociales avec une férocité et une mélancolie diffuse. Kingsley Amis quant à lui ne cède jamais aux charmes du désabusement. L'absurdité des normes sociales contraste radicalement avec le caractère des personnages du livre. Amis excelle à insuffler la vie à ses ces derniers. Ils sont sans cesse divisés entre leurs désirs, leurs volontés et leurs actions. La satire sociale n'est jamais très loin de la satire humaine. "Lucky Jim" n'est pas un livre en deux dimensions. Il recrée ces petites lâchetés du quotidien, la poussière que nous avons tous sous notre tapis de conventions, pour n'en retirer que la moelle substantifique du caractère humain.
C'est en se fracassant (plus ou moins volontairement) contre les limites du système que Jim va découvrir le sel de la vie. C'est en se posant les bonnes questions (pas en trouvant les bonnes réponses !) que quelque chose va pouvoir advenir. Pourquoi chercher l’agrément de gens qui ne nous respectent pas ? Pourquoi vouloir faire absolument partie d'un monde que l'on déteste ?
"Lucky Jim" est-elle une satire sociale ou une comédie romantique engagée ? Aucune idée, elle reste en tout cas une joyeuse célébration des travers humains. Chose qui ne se trouve pas à tous les coins de rue.
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Créée
le 26 avr. 2020
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