Ce qui me plaît le plus dans la vie c'est l'extrême liberté. C'est la vie telle qu'on la fantasme, les choses qu'on se dit impossibles parce que hors norme.
Dans ce livre, on nous parle de maman, celle d'Alexandre Jardin dans son livre au titre évocateur pour tous : Ma mère avait raison.
À quel sujet la maman d'Alexandre avait raison ? Au sujet de l'amour.
J'ai commencé ce livre avec beaucoup de méfiance au premier abord je vous l'avoue, parce que c'est justement ma maman qui me l'avait conseillé et que je lis peu de choses qui se font aujourd'hui. Alors un roman d'Alexandre Jardin.. mouais je ne savais pas trop à quoi m'attendre. J'ai pris l'avion, j'ai eu de nombreuses heures d'attente mais loin d'être une justification à ma lecture, ces heures m'ont paru bénites et n'appartenir qu'à moi.
Le livre commence ainsi: « Lettre à ma mère » où Alexandre décrit une femme sans peur, jamais prête à s'ennuyer, toujours dans la confrontation avec ses peurs, vivante et libre.
Stéphane Jardin, la mère d'Alexandre, alias Fanou, est aujourd'hui une vieille dame, et malade. Cette maladie a fait très peur à Alexandre au point qu'il pense la perdre pour de bon et lui écrive alors ce roman-lettre qui nous plonge sans aucune pudeur, ni honte dans la vie de sa mère. À travers cette déclaration d'amour il peint le milieu dans lequel il a grandi : entouré d'êtres originaux, vrais et profonds.
Alors pourquoi j'ai littéralement pleuré pendant un transit à l'aéroport d'Alger en lisant ces lignes ? Parce que Fanou a mené une vie tout simplement extraordinaire avec pour seul credo : « il faut avoir le courage d'aimer » ;
On découvre alors Verdelot, la maison de campagne de la famille Jardin où déambule paisiblement Alexandre, son frère et sa sœur et les cinq amants de sa mère : Pierre, le père, dit le Zubial, Claude, Jacques, et Nicolas.
Face à la fantaisie qui rythme la vie à Verdelot, Hector, l'ami d'Alexandre fournit un contrepoint normal, normatif. Ainsi, lorsqu'il a peine à comprendre la présence de tous ces hommes, Alexandre lui explique les accords tacites de Verdelot, ou plutôt le fonctionnement maternel, c'est-à-dire que tous ses hommes ont une chambre chez elle, vivent et mangent ensemble, établissent des projets comme Le Vieux Fusil où le scénario est rédigé par Pascal (Le Zubial) et Claude Veillot.
J'ai été impressionnée de prendre part à cette vie le temps de quelques pages, de pouvoir découvrir comment vivent les des gens qui n'ont pas peur d'aimer, et qui refusent même pour un seul instant d'être en contradiction avec leurs émotions. Loin des jugements et de l'affairement quotidien, Fanou nous redonne envie de toute oser : Oser affronter la vie. Et la regarder telle qu'elle est : c'est-à-dire un perpétuel défi qui nous posera la même question : es-tu capable de vivre pour de vrai ? Et pas de mourir en avance comme tous les autres, ceux qui préfèrent garder le plus possible tout ce qu'ils ont rassembler jusque là, sans plus jamais le risquer.
Quand on pose la question de la jalousie à Fanou, elle répond étonnée :
la jalousie ?
Oui.
Ça m'ennuie tellement.
Ça t'ennuie...
aimer, ce n'est pas posséder.
Aimer ce n'est pas posséder, bien au contraire. Aimer c'est toujours laisser libre, c'est comme regarder un oiseau dans la nature sans jamais le mettre en cage ni essayer de l'attraper mais apprécier le regarder et savourer son contact. Avoir le courage d'aimer c'est peut-être le meilleur conseil d'une maman : vivre pleinement, être courageux et toujours chercher à se dépasser pour éprouver l'existence.
Si on peut critiquer la niaiserie du sujet, je le vois plutôt comme le parti pris de la naïveté. C'est un livre d'un grand lyrisme, mais qui s'explique par la sincérité nécessaire des sentiments exprimés. La forme rejoint le fond, dans le sens où le style vient défendre la thèse exprimée dans cette lettre, d'assumer ses sentiments, sans jamais en avoir honte par peur d'excéder la norme. Alexandre Jardin est touchant, en ce qu'il nous rappelle l'enfant en nous, qui n'a pas peur de rêver, et qui tremble à l'idée de perdre la source de sa force et de sa fantaisie, sa mère.