Une dizaine de mademoiselles Haas vivent ou survivent dans une France qui commence en 1934 et s'arrête en 1941. Elles rêvent d'espoirs, subissent des déceptions, ce sont des femmes qui travaillent, qui s'ancrent plus ou moins facilement dans leur période, veulent agir pour leur temps ou subvenir à leurs besoins. Autant de récits qui parfois se croisent, mais le plus souvent ne sont que l'illustration d'un moment précis.
Dans son roman, Michèle Audin croise une épaisse documentation pour redonner de la vie à des anonymes, catégorisées par leur prénom, qui se décline en -ine, et leur nom de famille donc. Anonymes ou presque, à un détail, comme le révèle tristement la postface.
Michèle Audin est membre de l'Oulipo. Elle utilise différentes contraintes pour nous présenter ces portraits de femmes. Du plus classique, au récit, à l'échange épistolaire, aux notes en bas de pages qui en disent plus que le texte qu'elles accompagnent, aux froides et sourdes descriptions.
L'exercice de style est intéressant. Le contexte présenté l'est avec crédibilité. Mais Michèle Audin est une chercheuse, et la littérature qu'elle nous propose s'efface devant la froideur de l'exercice. Le combat de ces femmes pour exister et pour avoir existé en ressort fragilisé.