« Ton père était un bon mari, il ne me battait jamais, sauf quand je ne salais pas assez les plats.

Onze nouvelles pour faire la connaissance de Bulbul Sharma (Bulbul étant un surnom, comme c’est dommage, c’est si plaisant à l’oreille) en la regardant s’attaquer à l’épineuse étape de la cinquantaine féminine. Ses héroïnes tournent donc autour de ce roc, de ce pic, de ce cap, que dis-je c’est un cap ? c’est une péninsule ! En réalité, vraiment pas, c’est un chiffre, il n’est pas plus dommageable qu’un autre sauf évidemment pour qui choisit de vivre en toute superficialité – et grand bien leur fasse. « Cinquante ans. Un demi-siècle. Elle ne se sentait pas différente. Malgré tout, des choses semblaient se mettre en branle dans sa tête, comme une roue qui tourne lentement et lourdement sur un chemin boueux. »
En attendant on navigue entre différentes époques et lieux et en s’attachant aux pas de chaque quinquagénaire on apprend mine de rien tout un tas de choses sur l’Inde d’hier et surtout d’aujourd’hui, les rituels qui n’en sont plus vraiment, l’extravagant pouvoir des castes et le snobisme encore prégnant, la différence de perception selon l’oeil qui regarde (une beauté à nos yeux d’occidentaux peut se révéler laide selon des critères étranges), la soumission familiale et son corollaire l’indépendance qui se gagne, toutes ces nourritures aux noms enchanteurs… L’ensemble est très doux, on se sent invité à entrer dans les intimités de chacune et la plume est indéniablement séduisante. Je relirai Bulbul Sharma !


« Ce séjour en Thaïlande lui avait offert un aperçu d’une autre vie, au moment précis où elle grimpait un nouvel échelon dans sa propre existence. D’un seul coup, elle sentait des centaines d’autres mondes graviter autour d’elle, tous très différents de celui qu’elle connaissait, et l’un d’eux était entré en collision avec le sien. Il avait laissé une trace indélébile. »

LaurenceIsabelle
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le 18 janv. 2020

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Sylvie Sagnes

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