Il est compliqué de faire abstraction de l'auteure et de sa dramatique histoire personnelle.
Valérie Valère (Samama de son vrai nom) souffre d'anorexie mentale à 13 ans. Elle sera internée et en retirera encore plus de souffrances. Par la suite, elle demeurera une enfant isolée, sans amis, en marge du monde des adultes. Elle écrit ce livre à 17 ans.
Les deux principaux personnages du livres (Wilfried 15 ans et Malika 10 ans) n'en font évidemment qu'un : elle-même. Les passions sont les siennes (le cinéma), leur isolement est le sien (pas de parents ou quasi), leur souffrance est la sienne (la nourriture a une place étrange), l'aboutissement de leurs péripéties est sien également (..).
Lire "Malika ou un jour comme tous les autres" est donc faire un retour dans un âge sans tabous, non pollué par la noirceur et les désirs des adultes.
Avec talent et une extraordinaire capacité à se projeter dans ces enfants, l'auteure nous ramène à une époque dans laquelle joies et peines de cœur se succèdent.
Elle nous conte aussi naïvement le regard des enfants sur les "grands", si étranges avec leurs propres pathologies.
Le style est subtilement adapté. Quand Malika parle, c'est une enfant de 10 ans qui le fait. Quand Wilfried rêve, ce sont les fantasmes d'un futur jeune homme.
A risquer un parallèle pour guider de futurs lecteurs, autant "l'Ecume des jours" m'a paru original mais également artificiel (za...zou...) et prétentieux,
autant "Malika... " a la sève de l'authenticité et de la simplicité, certes avec les limites d'une écriture en devenir mais avec une infinie beauté.
A l'arrivée, difficile d'affirmer que le livre est passionnant.
Il se lit certes sans peine mais parfois avec ennui du fait de ses nombreuses imperfections narratives et stylistiques.
Et pourtant je puis affirmer que rarement une lecture m'a ému à ce point.