Les étoiles en rupture de stock
L'écrivain chef d'orchestre thaïlando-américain S.P. Somtow (de son véritable nom Somtow Papinian Sucharitkul ou สมเถา สุจริตกุล, si vous lisez le Thaïlandais) doit prendre autant de plaisir à se présenter que j'en ai eu à lire Mallworld.
Mallworld, les anglophones l'auront deviné, se déroule dans un centre commercial de la taille d'un monde, une gigantesque station spatiale érigée à la gloire du consumérisme où il se passe mille choses intéressantes par minute, garantie sur holo-facture. Cependant, la fièvre des achats et des néons ne suffit pas à faire oublier aux clients que le système solaire a été mis en cage par une race extra-terrestre infiniement supérieure, les Selespridar...
A la manière des Monades Urbaines de Silverberg, les sept nouvelles du recueil (neuf, dans la dernière édition française) n'ont pas de liens entre elles, si ce n'est quelques références à des personnages célèbres et l'insatiable désir de tous les protagonistes : qu'on leur rende les étoiles !
Pour quiconque s'intéresse un peu à l'œuvre de ce curieux auteur (qui compte bon nombre de livres d'horreur, ainsi que l'imposant cycle de l'Inquisition à côté duquel le Seigneur des Anneaux fait figure de vaudeville), Mallworld passera pour une délicieuse anomalie. Tour à tour déjanté, poétique, saoul, lyrique, désespéré, humoristique, l'univers de Mallworld semble avoir été imaginé par le fils caché de Ray Bradbury et Douglas Adams.
Les chasseurs d'images incongrues et autre touristes de la Bordure - pour peu qu'ils maîtrisent l'art perdue de la 'lecture' - en auront pour leurs crédits.