Coup de cœur pour ce troisième tome de la saga familiale "Jalna" ! Déjà, dans mon souvenir, "Mary Wakefield" figurait parmi les quelques belles romances qu'il m'a été donné d'apprécier pour l'évasion et le romantisme qu'elles m'ont procurés. Je rappelle d'ailleurs que comme les quinze autres tomes de la série, celui-ci peut se lire indépendamment des autres ; avis donc aux amateurs de belles histoires d'amour !
Ce que j'ai apprécié avec ce volet, ce n'est pas tant le socle de la romance, assez classique si l'on tient compte du personnage principal qui donne son nom au roman, nouvelle gouvernante dans une maison étrangère habitée par un jeune veuf et ses deux enfants difficiles. Non, ce qui m'a vraiment charmée, c'est le traitement du sentiment amoureux par l'auteure ; une approche romantique mais non dénuée de réalisme et tenant compte des contraintes inhérentes à la condition féminine à la fin du XIXème siècle, ainsi que des contradictions qui animent ces nouveaux colons, encore divisés entre les conventions de l'Ancien Monde et les innovations du Nouveau.
Je me suis passionnée, le temps d'un roman, pour la vie affective et les aspirations sentimentales d'une jeune orpheline qui fait ce qu'elle peut pour tirer son épingle d'un jeu complexe, sans pour autant avoir à sa disposition la panoplie habituelle des atouts d'une héroïne classique au caractère bien trempé. Forte de ses seules beauté et fragilité, Mary Wakefield est peut-être l'une des héroïnes les moins ambitieuses de la littérature mais qui sera pourtant perçue comme une intrigante par la famille Whiteoak.
Enfin, mon attente a été comblée par le changement d'angle narratif. J'aurais moins apprécié, je pense,
poursuivre avec les mêmes personnages principaux que dans les tomes précédents. Changement de génération oblige, Adeline Whiteoak, la matriarche, jusqu'alors chère au cœur du lecteur, devient tyrannique et détestable avec panache. J'ai toutefois regretté la complète disparition de certains personnages secondaires auxquels je m'étais attachée mais comme Mazo de la Roche a écrit sa saga sur plus de trente ans et sans suivre l'ordre chronologique de la narration, je ne peux pas m'en étonner. Place à d'autres figures et à d'autres aventures familiales !