Il faut savoir cacher sa peine
Sous le masque de tous les jours

chante Charles Aznavour.


Dans un Paris futuriste, socialement retombé dans une sorte de Moyen-âge, pourtant très proche de l'univers de Starmania, les Masques de Caroline Giraud dissimulent bien plus.


Dans ce Paris, les gens vivent divisés en quatre ordres sociaux:
les Nobles, qui gouvernent,
les Erudits, qui sacrifient leur vie à la science et à la résolution des énigmes,
les Bohémiens, qui vivent d'art et de chansons,
et les Hackers, qui vouent leur existence à la Révolution et à l'Anarchie.
Pascal Sévada, membre de la caste des Erudits, voit sa petite vie bousculée lorsque Eric Shimmer, chef du clan des Hackers, décide de s'emparer des masques qui, par leur seule existence et par leur réunion, assurent cet ordre social. Les masques séparés, les frontières se troublent, jetant les êtres dans l'incapacité de se distinguer les uns des autres. S'ils venaient à être détruits, ce serait le chaos! Le Sphinx, gardien des masques, appelle donc Pascal à la rescousse pour récupérer les masques qu'il a réussi à dérober aux regards des Hackers, les dissimulant en divers lieux de Paris: pour mieux garantir leur sécurité, il s'est volontairement effacé la mémoire et requiert l'aide d'un Erudit afin de les retrouver.
Pascal va donc devoir se lancer dans en quête des masques et s'entourer pour cela de Scarlett, une Bohémienne qui l'agace autant qu'elle ne l'intrigue et de Sophie, la Reine des Nobles en personne, au service de laquelle il a refusé un poste de précepteur. Les trois compagnons de fortune devront résoudre les énigmes du Sphinx dans une course contre la montre et contre les Hackers.
Mais les Hackers sont-ils si mauvais qu'on le pense?
Que cache le Sphinx au comportement si changeant?
Qu'arriverait-il vraiment si les masques venaient à disparaître?
Les trois héros apprendront au fur et à mesure que ce n'est pas la première fois que l'on vole les masques et découvriront le terrible secret qu'ils cachent. Un secret qui les concerne plus qu'ils n'auraient osé l'imaginer.
Très prenant, le roman de science-fiction / fantasy de Caroline Giraud offre une belle promenade parisienne digne des aventures de Robert Langdon.
Toutefois, et c'est là sa force majeure, il ne tombe pas dans l'écueil - au par ailleurs charmant - de l'automatisme et du linéaire monotone d'une chasse au trésor.
Lorsque les ordres sociaux de brouillent, les quêtes des personnages évoluent, mues au gré des révélations successives qui entourent le mystère des masques. Le but initial de l'aventure sert alors de prétexte à une réflexion sur l'identité, sur les conventions sociales, sur l'individu face à ce que l'on attend de lui.


Nourri d'un grand nombre de références, allant de Starmania au mythe oedipien en passant par Star Wars et le mythe d'Er de Platon (que dans ma grande folie, je suis seul à voir! ), Masques dépasse la simple fiction plaisante pour penser le vivre-ensemble et pour apporter une nouvelle réponse à la question fondamentale, à l'origine de toute oeuvre littéraire et toute oeuvre d'art en général: "Qui suis-je?"


Et comme Proust disait " chaque lecteur est, quand il lit, le propre lecteur de soi-même ", je vous dis " voulez-vous savoir qui vous êtes? "
Ce que nous sommes, voilà bien ce que cachent les masques !

Frenhofer
8
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le 15 juin 2017

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Frenhofer

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