Mato grosso
5.4
Mato grosso

livre de Ian Manook (2017)

Pour un coin perdu de jungle équatorienne...

Qu’est-ce qui pousse l’écrivain Jacques Haret à revenir au Brésil après trente ans d’exil ? La nostalgie de ce qui fut, la « saudade », comme le dit un des protagoniste de l’histoire ? Répondant à l’appel d’un cercle littéraire de Pétropolis, il débarque dans la cité, l’esprit emplit de souvenirs, pour parler de son roman, une histoire Brésilienne. Ce qu’il ignore, c’est qu’il s’agit ni plus ni moins d’un piège, fomenté par un des protagonistes de l’histoire, un ancien policier local qu’il a baptisé Santana, désireux de lui faire reconnaître ses torts passés. Commence alors entre l’écrivain et son adversaire une nuit terrible, rythmée par les pages ce roman que Haret est condamné à lire à haute voix, avant le dénouement final…
Après la trilogie Yeruldelgger, Ian Manook, infatigable voyageur, nous emmène au fin fond du Brésil, celui des trafiquants, des indiens maltraités, de l’alcool et des passions exacerbées. Aux solitudes immenses et glacées succèdent la touffeur et la luxuriance de la forêt équatoriale, les petites bourgades crasseuses où chacun se ballade une arme à la ceinture, se bagarre pour un rien, fait l’amour au détour d’un chemin avec des filles lascives. Perdu dans ce pays qu’il voudrait comprendre à défaut de dompter, Jacques Haret se retrouve peu à peu étouffé comme sous les anneaux de quelque monstrueux eunecte. Séjour chez des expatriés qui n’ont jamais réussi à s’intégrer, passages obligés dans les bars locaux, randonnée dans la jungle pour accompagner un cinéaste chargé de repérer le futur trajet de la transpantaneira , Haret l’étranger tombe éperdument amoureux de la femme qu’il ne faut pas, s’imagine qu’il pourra se l’attacher. Mais, tel le Mato Grosso, elle ne se laissera pas posséder, ou alors lui laissera cette illusion, ce qui conduira l’écrivain à sa perte…
Entre deux errances de son personnage, Ian Manook nous parle de ce pays qu’il connait et affectionne tant les descriptions sont vivantes. À ce moment, le romancier laisse le pas au journaliste pour un reportage que l’on croirait suivre en direct, l’esprit plein de bruits, d’odeurs et d’images sublimées. Cette sensation, je l’avais vécue il y a quelques années en lisant un roman qui reste pour moi la référence en matière de grande aventure contemporaine, « l’expédition Orénoque-Amazone ». Il y a quelque chose d’Alain Gheerbrandt chez Ian Manook dans ce Mato Grosso, aussi brulant et étouffant que Yeruldelgger était saoulant de grand air et de déserts. Rencontré à Ozouer, l’auteur dans son immense gentillesse m’avait dédicacé son roman en m’invitant à un « autre voyage », et c’est bien de cela dont il s’agit.

MichaelFenris
7
Écrit par

Créée

le 11 juil. 2018

Critique lue 498 fois

Michael Fenris

Écrit par

Critique lue 498 fois

D'autres avis sur Mato grosso

Mato grosso
MichaelFenris
7

Pour un coin perdu de jungle équatorienne...

Qu’est-ce qui pousse l’écrivain Jacques Haret à revenir au Brésil après trente ans d’exil ? La nostalgie de ce qui fut, la « saudade », comme le dit un des protagoniste de l’histoire ...

le 11 juil. 2018

Mato grosso
Angélita
6

Critique de Mato grosso par Angélita

Résumé Mato Grosso de Ian Manook Jacques Haret, écrivain, retourne au Brésil, 30 ans après pour faire la promotion de son roman. Il est accueilli par un jeune homme qui l’emmène dans la maison où a...

le 9 janv. 2018

Du même critique

Le Garçon
MichaelFenris
8

Malot, Cendrars et bien d'autres...

A-t-il eu un nom un jour ? Nul ne le saura, surtout pas lui. Peut-être sa mère, encore aurait-il fallu qu’elle ne meurt pas en le laissant au milieu de la forêt. Muet, illettré, vivant en ermite,...

le 11 déc. 2018

4 j'aime

1

Les Miracles du bazar Namiya
MichaelFenris
10

Une fable douce-amère sur la vie, le destin...

Par une nuit de 2012, Shōta, Atsuya et Kōhei, trois jeunes délinquants, se réfugient dans une vieille boutique abandonnée depuis des lustres après un vol qui a failli mal tourner. Leur véhicule tombé...

le 24 mai 2020

2 j'aime

Little Heaven
MichaelFenris
8

Entre Road Movie déjanté et roman horrifique

Micah Shughrue, Minerva Atwater et Ebenezer Elkins sont trois chasseurs de primes sans état d’âme, unis de la façon la plus improbable qu’il soit: lorsque Micah, lassé des exactions de son ancien...

le 11 avr. 2019

2 j'aime