Je sais très bien que des gens très biens écrivent des livres très biens tout en étant hétérosexuels. Néanmoins, on m’avait recommandé ce livre dans le cadre d’un groupe de lecture lesbien. Quelle ne fut pas pas ma déception au bout de quelques pages quand j’ai senti que l’autrice n’était malheureusement pas de la fanfare …Pour en revenir à l’œuvre, c’est un récit bien écrit et passionnant sur la vie de l’autrice iranienne Azar Nafisi. Son histoire personnelle et familiale se mêle, façonne et subi l’histoire de l’Iran. Son père, maire de Téhéran puis emprisonné est aussi juste l’homme qui lui raconte des histoires le soir avant de se coucher. Elle raconte à travers sa mythologie familiale, l’histoire d’un pays au passé riche et au présent instable. Le récit est piqué avec une intelligence légère de réflexions qui restent en bouche plusieurs jours après la lecture. La relation avec sa mère est un trésor dans lequel beaucoup d’adolescentes et de jeunes femmes ont dû se reconnaître. On retrouve la détestation, l’exaspération et tous les sentiments contradictoires que nous font vivre nos mères, de l’amour le plus fort à la colère la plus enfantine. Ce personnage de la mère est iconique et comme l’autrice on a du mal à se positionner. Elle est odieuse et courageuse, tyrannique et entière. Elle vit hors de sa réalité dans des histoires qu’elle a trop retravaillé pour qu’elles gardent la moindre trace de la réalité. En plus d’être un personnage croustillant et passionnant, Nafiseh est aussi une femme politique et dans ses colères et ses lubies, j’ai vu tout ce qu’elle n’a pas pu être car femme. Merci pour ce récit intelligent et finalement féministe.