Il est parfois des livres qui vous attrapent par les tripes et vous laissent avec l’impression d’avoir pris une claque. Mes coups seront mes mots fait définitivement partis de ceux là avec son sujet poignant, sa verve puissante et ses émotions bouillonnantes. Inspiré de l’histoire de l’un de ses auteurs, Yusef Salaam (voir en fin de billet), le récit nous raconte le bouleversement d’une vie quand la justice condamne à tord.
Amal est un jeune lycéen américain noir, skateur, poète et peintre. Arrêté au mauvais endroit, au mauvais moment, il est condamné pour un crime qu’il n’a pas commis. Envoyé un prison, il parvient à maintenir son humanité et à ne pas perdre espoir grâce à la peinture qu’il exprime tant avec les mots qu’avec le dessin.
Je lis (trop) peu de récit en vers libres, à tord en vérité, peut-être par peur de ne pas saisir le sens du message que l’auteur.e nous adresse. Et pourtant, pas besoin d’interprétation pour comprendre les mots qui tombent ici comme des coups de poings, violents, percutants, ou le rythme qui sonne comme un slam énoncé à voix haut, débité avec la force conférée par le besoin de dire l’injustice, de dénoncer la violence, le racisme, l’univers carcéral…
Le sujet est grave, la forme est saisissante, mais au cœur de toute cette violence, une lumière parvient à briller faisant écho au prénom du jeune héros : l’espoir – Amal veut dire espoir – prend forme dans les poèmes et dessins qui permettent à Amal d’exprimer toute sa colère, sa détresse et ses espérances. Mes coups seront mes mots dénonce les violences raciales, encore bien trop courantes au Etats-Unis, mais parvient à maintenir un peu d’optimisme en parlant du pouvoir de l’art dans l’expression de la vérité.