Dans les forêts de l'Idaho, personne ne vous entendra crier...
Avec ce roman situé dans l'Idaho, C.J. Box délaisse le garde-chasse Joe Pickett pour nous raconter l'histoire de 4 retraités véreux du LAPD qui ont commis un meurtre dans une forêt devant les yeux de 2 enfants qui partaient pêcher. Le Wyoming et l'Idaho ne sont finalement pas si différents que cela, et l'auteur passera une bonne partie de l'intrigue à nous vanter les mérites de la vie à la campagne, aussi bien au niveau des mentalités "à l'ancienne" que de la beauté des paysages.
Bien qu'assez lent dans son déroulement, ce "polar rural" aux multiples personnages principaux se laisse lire assez facilement, et à l'exception d'un flic qui est sujet à quelques remords, les divers protagonistes sont pour la plupart très stéréotypés : les "gentils" sont chevaleresques à souhait, tandis que les "méchants" sont de vraies raclures prêtes à torturer des innocents et, comble de l'horreur, à tuer des gosses qui ont eu le malheur de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.
S'il sait mener un roman de A à Z sans jamais ennuyer le lecteur, C.J. box a malheureusement une certaine propension à nous abreuver de valeurs familiales à l'américaine bien gnian-gnian (la mère et son fiston qui pleurent pour un rien, le final bien pathos et pas crédible pour un sou), et il n'est pas très convaincant quand il tente de se mettre dans la tête d'enfants de 10 et 12 ans : c'est un exercice difficile, je le conçois, et le grand Stephen King s'était lui-même lamentablement planté quand il avait fait raisonner une petite fille comme une adulte dans "la Petite Fille qui aimait Tom Gordon". Mais bon, on a tous été gosses, et ça ne s'oublie pas, que je sache ?
Au final, je n'ai pas été plus emballé que ça par ces "Meurtres en Bleu Marine". Il y a beaucoup trop de ficelles scénaristiques trop grosses pour êtres vraies (les portraits-robots dessinés par la petite fille, le fils de Rawlins qui travaille au poste de police, l'arrivée fortuite de Villatoro le week-end du crime…), et j'ai eu du mal à croire que des policiers à la retraite puissent se comporter de façon si barbare, après avoir protégé et servi leurs concitoyens pendant plus de 20 ans. 1 ripou, je veux bien que ça existe dans ce bas monde, mais en voir 5 qui habitent au même endroit et qui sont prêts à commettre les actes les plus odieux, uniquement pour préserver leur train de vie, c'est un peu gros…