En proposant le récit d'une obsession ainsi que de la terrible confusion qui règne dans la psyché de Jean-Pierre, narrateur et personnage principal, Sébastien Marnier se rapproche de ce qu'a pu écrire, par exemple, de manière magistrale, Joyce Carol Oates dans "Zombi". Si les dix ou vingt dernières pages constituent l'apogée d'une lente montée en pression, la vraie dynamite de Marnier explose, elle, page après page: la haine (l'homophobie) prend racine dans et par la violence. Violence d'une éducation lacunaire et intolérante, violence de l'environnement qui nous entoure, en particulier celle qui se niche au cœur même de la cellule familiale, violence de nos expériences et des sentiments que l'on ressent... La violence est ici partout, sous différentes formes. Elle imprime durablement l'être, parfois en dépit de lui-même, et surtout elle modèle, elle pervertit la pensée, détruit la logique, brouille le rapport à l'autre de manière dramatique.
La grande force du livre est qu'il montre les ressorts à l'oeuvre chez un monstre. Il illustre la structure pourrie d'une personnalité malade qui s’effondre lentement sur elle-même en même temps qu'elle engloutie celui (ou celle) qui constitue la cible de sa haine. Le parcours de JP est à la fois complexe et terriblement commun. Ainsi naissent les monstres.
Dérangeant, écœurant, choquant, pourvu d'une fin cruelle et implacable, "Mimi" raconte un drame qui peut très bien nous frôler dans nos vies quotidiennes sans même que l'on ne le réalise. L'occasion de se rappeler, si l'on prend l'exemple de l'homophobie ou des violences faites aux femmes, que nous vivons dans une société presque aussi atteinte que JP. Glaçant.
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