Je connaissais cette histoire économique du crayon grâce à Milton Friedman qui l'a popularisée dans ses conférences et j'ai récemment appris que l'idée était tirée d'un article de Leonard Read.
Le crayon, c'est le narrateur, nous explique que sa création a priori banale est en fait l'aboutissement d'un long et complexe processus de collaboration humaine (l'ordre spontané), auquel participent librement des milliers de personnes spécialisées dans une tâche précise (la division du travail) qui suivent chacune leur intérêt propre. Le résultat (la main invisible) surpasse tout ce qui pourrait être fait par un individu seul ou un groupe d'individus donnant des ordres à tous.
J'ai quand même été déçu par le texte. L'emploi de la première personne (Moi, le crayon) et la longueur de l'exemple (4 pages pdf environ) font perdre ce côté percutant qui m'avait plu chez Friedman et dans d'autres vidéos didactiques, comme celle-ci http://www.youtube.com/watch?v=IYO3tOqDISE . De plus, il n'est fait aucune mention du "miracle du système des prix" (Friedman) qui est l'incitatif et la condition nécessaire à la coopération, permettant de traverser tous les clivages ethniques, culturels et religieux, pour aboutir à un échange gagnant-gagnant.
Enfin, quitte à être long, l'auteur aurait pu expliquer comment les gouvernements entravent ce processus d'échange, sans même avoir besoin d'aller jusqu'à mettre en place un commissariat au plan ou un monopole public. On trouve en effet assez peu d'imbéciles aujourd'hui pour rêver d'une planification totale de tous les biens ; les attaques répétées contre le libéralisme sont portées davantage contre la fluidité du processus d'échange (taxes, réglementations) que contre le processus lui-même, mais il faut sans doute replacer ce texte dans son contexte historique. À l'époque, il y avait l'Union soviétique, aujourd'hui plus. Au fond, le crayon a gagné.