Classique méconnu de la littérature fin de siècle et décadente. Ce roman de 250 pages raconte l'histoire d'un dandy, le duc de Fréneuse, à la recherche d'une transparence glauque, que ce soit dans un portrait, des pierres précieuses, ou des individus généralement peu recommandables. Outre le décadentisme marqué par le ton désabusé, on reconnait la marque du dandysme littéraire à sa futilité. Le souci, c'est que pour futile qu'elle soit, cette quête est obsédante, source d'un malaise général dans son existence. Lorsqu'Ethal, un personnage sulfureux, se propose de le guérir au moyen d'une plongée plus profonde dans tout ce que Paris compte de vicieux, on ne sait pas véritablement s'il compte le soigner ou aggraver son état pour en faire le spectacle.
Cette obsession pour une certaine transparence glauque est longtemps injustifiée, du moins mal comprise, jusqu'à ce qu'un retour au pays natal, la Normandie, soit l'occasion de quelques souvenirs évoqués et le mystère s'éclaircit par un implicite criant.
Il ne serait pas ni tout à fait exhaustif ni tout à fait vrai de dépeindre le duc de Freneuse comme une victime potentielle, puisque sa faiblesse nerveuse s'articulent justement autour de pulsions dangereuses, de fantasmes destructeurs, qu'Ethal tente ou de soigner ou d'exacerber.
J'espère avoir rendu le suspens sur le devenir du duc de Freneuse, sublimement écrit, sans le divulgâcher. Pour m'en assurer, j'ai écrit ma critique avant de connaître la fin. Je dirais que Monsieur de Phocas est une très bonne porte d'entrée sur la littérature décadente, qui vaut bien n'importe quel livre de Huysmans, avec le mérite d'être beaucoup plus accessible.