E. M. Forster possède ce don du grand voyageur d'évoquer de superbes paysages sans emphase mais en quelques mots et tournures beaux par leur simplicité.
Ces descriptions dépouillées n'en sont pas moins très évocatrices et pour celui qui, comme moi, connaît et voue un culte à l'Italie et particulièrement aux collines de Toscane, elles constituent un vrai régal qui le transporte immédiatement aux pays des cyprès et des villages médiévaux, dans la douce lumière d'un soleil déclinant.
Comme plus tard avec "Vue sur l'Arno", l'auteur place une grande partie de son récit en Italie, et plus particulièrement à Monteriano. Ce village - à peine une petite ville perchée depuis des siècles sur une crête siennoise - devient alors le théâtre d'un drame quasi théâtral qui n'est pas sans rappeler Shakespeare. Lilia, Philippe, Caroline, Harriet et Gino entraînent le lecteur dans un ballet d'alliances et de désaccords qui va crescendo jusqu'au drame final, tout à fait de trempe italienne.
Le style peut dérouter mais la structure et le rythme sont parfaitement maîtrisés. Les personnages prennent forme rapidement et présentent des caractères plutôt entiers, ce qui favorise vite la sympathie ou son contraire.
J'ai été moins séduite par ce premier roman de l'auteur que par "Vue sur l'Arno" ("A room with a view") mais je lui suis très reconnaissante de m'avoir transportée en pensées et en souvenirs dans l'Italie authentique du début du XXème siècle.