Cette collection des maîtres de guerre est un vrai régal : le récit comparé des faits et des mémoires de leurs auteurs, avec cette touche critique qui permet de tout remettre en perspective, fonctionne parfaitement. J'avais adorer le Von Manstein, le MacArthur et le Staline, et celui-ci vient juste derrière.
Montgomery est un personnage particulièrement antipathique qui demeure une général valable dans une armée de médiocres (Bradley, Eisenhower) dont la principale qualité demeurent l'entregent politique, indispensable sur un théâtre où la coordination de forces très hétérogènes par leur nationalité, est vitale.
Il n'y a chez Monty ni le génie de Von Manstein, ni l'audace de MacArthur, ni la ténacité de Joukov. Sa victoire sur Rommel récompense surtout le fait qu'il ait su tenir compte de l'aspect logistique de la guerre. Si on devait comparer Monty à un joueur de tennis, ce serait un joueur de fond de court sur terre battue, un mec qui renvoie tout et ne commet pas d'erreur mais pour l'audace et l'inventivité, on repassera...
Il y a par ailleurs chez Montgomery une dimension atypique : c'est un général de l'armée de terre dans un pays qui brille surtout par sa marine et son aviation, il agit sur un théâtre très politique où il ne fait preuve d'aucune diplomatie, il doit l'essentiel de sa carrière à son amitié avec Alan Brooke, véritable rempart des humeurs de Churchill, alors qu'il ne jure que par le mérite et l'expérience. Quelque part, on se demande si Montgomery n'a pas exercé toute sa lucidité sur le champ de bataille au point d'en être totalement dépourvu en dehors.