Plusieurs siècles séparent l'action de La Glace et la Nuit de La Sève et le Givre, premier livre du cycle de Vertigen. Angharad et Finstern vivent désormais loin des Cours, dans l'ignorance de la déréliction dans laquelle le Royaume est plongé, tandis que Titania s'apprête à séparer à jamais la Féerie de Mortalité, condamnant les Sidhes à une existence figée. C'est dans ce contexte que Kelis, mi-Homme, mi-Sidhe, est chargé par Gaemred, la Reine d'Hiver, de retrouver Angharad, seule capable de s'opposer au plan de Titania et de changer le destin des Cours. Mais la quête de Kelis, vite résolue, n'est pas la véritable quête du roman. Celle-ci ne commence qu'après, une fois Angharad et Finstern retrouvés, lorsque ces derniers décident de retrouver le chemin de Seuil, la Cour Périlleuse, jadis perdue par les Tuatha Dé Danann. Il leur faudra pour cela s'emparer des Hallows, les Trésors des Tuatha Dé Danann, clés pour ouvrir les portes de Seuil.


Fidèle à sa réputation, Léa Silhol signe un second roman de toute beauté, au style ciselé, dans la lignée de La Sève et le Givre et récompense ses lecteurs de la première heure en leur proposant un récit qui fait le lien entre le cycle de Vertigen et ses autres oeuvres, à commencer par Musiques de la Frontière. Il n'échappera pas au fan que Seuil est aussi le véritable nom de Frontier, la ville utopique des Fays. Nous plongeons ainsi dans les origines de cette terre promise figurant l'idéal d'une société juste et apaisée, où chacun trouve sa place dans une communauté fraternelle d'individus libres.
Au contraire du premier tome de Vertigen, plongé dans la stase, La Glace et la Nuit est davantage tourné vers l'action et l'urgence de la quête. On s'attache davantage aux personnages, en même temps que l'on comprend mieux les enjeux en vigueur. Le récit, qui alterne narration à la troisième personne (anonyme) et narration à la première personne (Kelis), rend les Sidhes plus humains. Il est par ailleurs plus qu'agréable au lecteur habitué des écrits silholiens de retrouver des personnages familiers : Finstern, Angharad, mais aussi Nicnevin et Gaemred, déjà présents dans La Sève et le Givre, ou encore Perséphone et Hadès, qui étaient les personnages principaux de la nouvelle "Un Parfum de Malicore". Avec brio et constance, Léa Silhol tisse patiemment la toile de son univers.


Seul point de frustration : La Glace et la Nuit signait les débuts de la collaboration avortée de l'auteure avec les Moutons électriques. Le différend ayant opposé Léa Silhol à son éditeur nous laisse avec une oeuvre sublime mais inachevée, puisque la suite, Albedo demeure inédite à ce jour. Il paraît cependant que Léa Silhol pourrait publier de nouveaux ouvrages (voir son site officiel). L'espoir de pouvoir lire un jour la seconde partie de La Glace et la Nuit reste donc de mise.

Jessalynn_ImFin
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le 27 avr. 2015

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