A lire le résumé de Nos espérances, il y a d'abord la surprise de voir Anna Hope s'engager délibérément dans un genre souvent pratiqué, notamment outre-Manche, celui du roman générationnel, à travers la relation de trois amies sur plus de 20 ans. La tentation de comparer la thématique du livre à la splendide trilogie de Jonathan Coe, par exemple, s'évanouit cependant très vite. L'Histoire de l'Angleterre n'est pas chez Anna Hope un support, celle-ci préférant se concentrer sur les vies intimes de ses trois héroïnes et leurs rapports, fluctuants nec mergitur. Autant l'avouer : malgré un sujet rebattu, la romancière impose sa voix particulière de manière irrésistible par son empathie et sa tendresse envers ses femmes, par la cruauté de certaines scènes, aussi, et surtout par son style, élégant même dans la crudité, avec des dialogues qui sonnent vrais et des descriptions à la poésie légère et mélancolique. Toutes les variations de l'amitié figurent dans Nos espérances : les épiphanies, les déceptions, les trahisons ... La construction du livre, un peu alambiquée, comme il est de mise dans la littérature contemporaine, avec ses nombreux flashbacks, ne nuit pas à la compréhension de ces portraits de femmes et aux liens qui les unissent, mais au contraire les enrichissent grandement. Le dosage du roman, entre moments d'euphorie et de déréliction, est particulièrement habile, de même que la montée en puissance émotionnelle. Il y a, vers la fin, une naissance et un enterrement, comme pour marquer que le cycle de la vie est immuable. Rien de révolutionnaire là-dedans, bien évidemment, à l'image du titre du roman (Expectation en anglais) qui parle à tous ceux qui ont connu la fougue et les grandes espérances de la jeunesse, avant de rentrer dans le rang et de faire de son mieux, une fois la maturité venue. Nos espérances n'est pas un Feel Good Book, il est bien plus que cela, un hommage chaleureux au courage et à la résilience des femmes, un hymne à l'amitié et aux ressources de l'âme humaine, contre vents et marées, entre tempêtes et accalmies. Car tant qu'il y a de la vie, il y a des espérances, les leurs et les nôtres.

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le 25 mars 2020

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