Ah.. Patrick Pelloux, j'éprouve un réel plaisir à lire ce qu'écrit cet homme et ce pour plusieurs raisons. Premio, la vision terre-à-terre qu'il nous offre des urgences et plus encore du monde hospitalier en France en 2015, c'est dur, ça fait mal à lire mais au moins on ne pourra pas dire qu'on ne savait pas. À la base, le livre reprend ses chroniques hebdomadaires publiées dans le journal Charlie Hebdo, les sujets varient donc au fil de ce qu'il vit, passant de réflexions sur la gestion de plus en plus déshumanisante des hôpitaux dû au sabordage des budgets au récit d'une intervention où la comédie humaine brille de son plus bel éclat, parfois tendre, souvent amère. Et là, pour vous donner une idée des situations saugrenues qu'il peut côtoyer, je repense à cette chronique où toute une famille occupe chacun un étage d'un immeuble, le grand-père descend les poubelles, il fait une crise cardiaque, son fils s'en rend compte, déboule dans la cour, panique et son coeur s'emballe à son tour, une crise cardique, le petit fils constate la situation appelle les secours, le poids du destin prend certainement tout son sens à cet instant pour lui. Ça laisse songeur comme le hasard porte bien son nom. Secundo, l'humanité avec laquelle il parle de son métier, il faut être sacrément maso pour avoir les idées qu'il a avec la quantité de misère qu'il est obligé de se coltiner par jour. Au vu des propos qu'il tient, il est le genre de personne que j'aurais tendance à caractériser de doux rêveur, un utopiste quoi, mais que nenni ! Il donne un grand coup de balai devant la porte de mes préjugés car rester droit, "toujours prêt" comme il le dit lui même, malgré le côtoiement permanent de la vicissitude humaine lui donne largement la légitimité de dénoncer les systèmes défaillants de notre société et de pointer du doigt ceux qu'ils pensent coupables des grands maux de notre époque (et il y en a un sacré paquet). En plus de ça, le mec se la pète pas pour un sou, il n'oublie jamais d'avoir un mot pour ses collègues, de tous les jours ou les plus lointains, tout bonnement ceux qui lui permettent de rendre possible l'exercice de son métier.