Je me dirige en général vers les livres comme je vais voir les films : je ne regarde pas la bande annonce qu'est l'argumentaire, préférant me fier à l'affiche de couverture et aux commentaires de mon entourage. Une technique comme une autre.
Ici : Or et Nuit. Un beau titre, une très belle couverture, un éditeur de confiance - ça veut dire qu'on peut y aller. Et là tu ouvres le bouquin et sans préambule tu te retrouves aux côtés de Shéhérazade. Si comme moi tu n'as pas (encore) lu les Mille et une nuits, tu espères alors que ce ne sera pas une lacune trop critique mais très vite tu te rends compte que non : on t'explique rapidement ce que ton immense culture générale (lolilol) avait déjà engrangé comme informations. Donc ça va, tu n'es pas trop perdu. Commence alors le cœur du livre. Attention, il y a peut-être quelques spoilers un peu plus loin.
Ce livre, c'est un spin-off compliqué en fait, riche de plusieurs histoires entremêlées dont il est parfois difficile de décortiquer les fils. L'ambition est de gratter aux portes du grandiose et de la divinité, malheureusement les bonnes idées sont mises en scène de façon un poil maladroites, surtout du fait qu'elles sont portées par des personnages clichés (mais El_Caracol vous l'expliquera mieux que moi). J'ai aussi été gênée par le fait que tous les personnages semblent foncièrement gentils voire un peu niais, à part la mère d'Abû qui est une vraie méchante à l'intérieur mais cette méchanceté est elle aussi traitée de façon clichée. Pour compenser cette gentillesse, il y a la facilité avec laquelle on se débarrasse de façon violente de certains personnages importants en cours de route, ou avec laquelle on les mutile, mais ces évictions diverses sont rapides et leur impact semble minime. Difficile de s'attacher de toute façon à ces types et à ces nanas donc finalement ça ne fait ni chaud ni froid. Bref, outre un traitement un peu léger des personnages le style m'a quant à lui paru assez scolaire et forcé mais c'est difficile d'expliquer exactement ce qui me donne cette impression. Et puis surtout, ce n'était pas vraiment un problème car le verbe est clairement destiné ici à raconter des histoires mais ce manque de pep's, de personnalité dans l'écriture est un peu dommage. Après c'est peut-être pour être dans la continuité du livre créateur de l'univers mais à mes yeux d'ignare, le texte ne flamboie pas vraiment, il manque d'odeur, d'épaisseur, de conviction.
Reste quand même, il faut le dire, le voyage et la découverte et l'accompagnement de mythes en train de se construire ; le rythme n'est pas inintéressant non plus et sert bien le scénario. Tout n'est donc pas à jeter, loin de là, mais les réserves sont plus faciles à exprimer que le reste. Bref, c'est un roman que je conseillerais plutôt aux amateurs de djinneries et d'orients.