Wait for Sugar !
Je crois que c'est le premier Wilder que j'ai vu, enfant, grâce à la grand-mère d'une amie, qui nous montrait de vieux films avant de nous emmener au conservatoire. J'imagine que c'est pour cela que...
le 24 nov. 2013
56 j'aime
1
Voilà une excellente biographie de l'amoureux de l'Amour, qui s'ouvre sur son exil pour remonter aux origines de sa persona flamboyante et infiniment moderne.
Cette enquête à travers le temps et les oeuvres permet de mieux comprendre la punition de celui qui délaissa la politique pour se consacrer à une poésie enseignant les plaisirs chatoyants de la séduction et de l'érotisme, comme les légendes métamorphes. Comment cet audacieux déridant les carcans moraux et invitant à la célébration d'un plaisir réciproque aurait-il pu s'éviter l'exil, sous le règne d'un Auguste en quête de vertu idéalisée et de responsables à la nymphomanie de sa fille?
Lucien d'Azay parvient, d'une plume légère et canaille, à faire sentir l'éternelle modernité de l'oeuvre d'Ovide, en le faisant dialoguer avec les figures de Don Juan, Casanova ou avec l'archétype du dandy. De lestes comparaisons entre L'Art d'aimer et nos techniques "modernes" de drague, ainsi que des miroirs littéraires et cinématographiques aux Métamorphoses achèvent de faire de la biographie un hymne qui dépoussière le profil du plus irrévérencieux et délicieux des poètes romains.
On pourra ne pas aimer tous les jeux de mots ou trouver parfois un peu outrancières certaines comparaisons (comparer les Amours au J'aime les filles de Jacques Dutronc, ou faire d'Ovide un Salman Rushdie antique... anachronismes qui m'ont fait rire mais qui choqueront peut-être certains puristes?), mais le texte est plein d'une allégresse communicative et prouve, si l'on en doutait, la nécessité de continuer à lire ces beaux textes antiques, si modernes dans leur étrangeté passée. Lucien d'Azay choisit d'ailleurs - et à raison - d'émailler sa causerie primesautière de nombreux extraits en latin, accompagnés d'une traduction fort juste, qui sait souligner la dualité même du latin d'Ovide.
Une lecture toute d'érudition joyeuse, que je recommande vivement !
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Beau comme l'Antique et Carnet de lectures 2015
Créée
le 24 juin 2015
Critique lue 222 fois
2 j'aime
Du même critique
Je crois que c'est le premier Wilder que j'ai vu, enfant, grâce à la grand-mère d'une amie, qui nous montrait de vieux films avant de nous emmener au conservatoire. J'imagine que c'est pour cela que...
le 24 nov. 2013
56 j'aime
1
C'était ton Zweig préféré. Celui que tu ne pourras plus lire. Tu ne m'as jamais su m'expliquer, pourquoi celui-ci plutôt qu'un autre, tu m'as juste fait lire chacun de ses livres, les uns après les...
le 15 août 2015
47 j'aime
Il y a ce moment difficile, dans la vie d'un prof de latin, où il faut détricoter les "adaptations" modernes de la mythologie, expliquer que non, Pégase n'est pas l'allié d'Hercule comme le conte...
le 4 déc. 2013
24 j'aime