Toujours un plaisir de se replonger dans les aventures de notre cher Guilhem d'Ussel, chevalier troubadour à nouveau mêlé dans des intrigues politiques et religieuses non plus à Marseille, comme dans le premier opus, mais cette fois-ci à Paris en 1199. Jean d'Aillon confirme son talent à construire des histoires fictives élaborées sur des faits ou un contexte bien réel. Ici, il nous entraîne au cœur du conflit qui oppose le royaume d'île de France de Philippe-Auguste avec celui des Plantagenêt de Richard Cœur de Lion et Jean Sans-Terre dans l'ouest de l'actuelle France au début du XIIIe siècle. Histoire politique certes mais aussi religieuse pour appâter le chaland en manque de mystère puisque l'auteur nous immisce dans l'opposition théologique majeure qui opposera en France les chrétiens aux cathares, nouvelle secte en vogue à cette époque qui prône un christianisme pur considérant que la vie elle-même, ici bas, est le fruit de Satan. La dimension historique est évoquée sans aucune redondance, il s'agit bien d'un roman donc pas de lourdeur de ce point de vue là. Jean d'Aillon ne dispense pas des leçons d'histoire médiévale bébête mais distille ses connaissances étendues du Moyen-Âge avec une grande habileté et de manière tout à fait naturelle. Inutile de préciser le plaisir coupable que l'on a à sillonner le Paris du XIIIe siècle retranscrit d'ailleurs de manière tout à fait crédible et scientifique. En effet, l'auteur se basant sur des sources réelles et concrètes citées en fin d'ouvrage. Vivant dans la capitale, je redécouvre le Châtelet, le quartier Saint-Gervais, Beau Bourg (ancien quartier des puterelles et vils ribauds, ça n'a pas changé), la forteresse du Louvre qui sont, dans ce roman, le théâtre de l'action.
L'oeuvre se lit très facilement, les 442 pages s'envolent en peu de temps car, comme à son habitude semble-t-il, Jean d'Aillon maîtrise l'art du chapitrage, c'est-à-dire de courts chapitres se terminant presque systématiquement sur une note de suspense qui, bien souvent, incite son lecteur à enchaîner le suivant. Cela me fait penser à J. K. Rowling et Harry Potter sur la construction. Facile de compréhension, l'écriture de l'auteur est cependant truffée d'un vocabulaire médiéval et d'expressions de l'époque. Ce n'est pas grand chose mais pour les amoureux de la langue française, c'est un vrai régal ! Les lecteurs avertis pourront reprocher à Jean d'Aillon ses personnages un peu creux, sans profondeur, au dialogue sans génie. La réflexion cède souvent la place à l'action. Il peut s'agir d'un reproche comme d'une qualité. Tout dépend de ce que vous cherchez. Vous avez entre les mains un roman de pur divertissement, bien écrit, proposant un scénario original et fouillé mais n'en demandez pas plus ! Les sentiments sont abordés parfois avec beaucoup de maladresse, l'écrivain a vraiment du mal à écrire des relations sentimentales sans tomber dans la niaiserie à l'eau de rose. Enfin, il est étonnant de voir que le héros principal, Guilhem d'Ussel, ne fait son apparition qu'à partir de la moitié du livre. Non pas que les premières 200 pages sont sans intérêt, pas du tout, mais c'est surprenant. J'y vois un problème de construction.
Pour conclure, Paris, 1199 m'a beaucoup plu même si l'ensemble manque un peu de complexité. Je compte néanmoins poursuivre cette saga avec Londres, 1200 prochainement. Si vous souhaitez simplement passer un bon moment, vous changer les idées et que, par dessus le marché, vous êtes passionnés d'histoire médiévale, ce livre est une idée cadeau idéale !