Ce livre se veut une étude (synthétique pourrait-on dire) d'une totalité que formerait Paris entre 1848 et 1870. Harvey se revendique marxiste (Marx est cité à chaque début de chapitre), mais ce qu'il a retenu de Marx est surtout la méthode, qui se veut un "matérialisme historico-géographique".
Pour cela Harvey va analyser un grand nombre d'aspects du Paris de cette époque et des transformations qu'il rencontre (évolution géographique, place des femmes, ségrégation spatiale, évolution de l'industrie, des salaires, de la finance, des discours sur Paris) en s'efforçant de montrer comment chacun de ces aspects interagit avec les autres et sur le tout.
Ce pari (ahah) est plutôt réussi, et m'a paru convainquant, mais il me semble qu'un meilleur connaisseur du sujet (steka peut-être ;) ) aurait apprécié qu'Harvey rentre plus dans les détails et aurait appris trop peu.
Celui-ci, au moins, se laisse bien peu aveugler par son "idéologie". Haussmann par exemple, est fortement critiqué, son originalité relativisée (le livre s'ouvre sur deux chapitres examinant l'héritage des années 1840) mais nullement niée. Notons que le personnage semblait être imbu de sa personne comme peu l'ont été.
Le livre se termine enfin sur une histoire très instructive de la construction de la Sainte-Choucroute qui orne désormais le sommet de la butte Montmartre.
Notons le très grand usage fait de Balzac, et dans une moindre mesure Flaubert et Zola, usage auquel je souscris entièrement.
Enfin une qualité non négligeable de ce livre sont les très intéressants documents iconographiques : nombreuses photos d'époque (dès 1850 ! la couverture américaine en montre un exemple : http://ecx.images-amazon.com/images/I/5161HuSTfgL._SX258_BO1,204,203,200_.jpg ) et excellentes caricatures de Daumier et d'autres.