Annoncé comme le premier volet d'une trilogie, Paris la nuit peut toutefois se lire indépendamment des autres titres (seul Balancé dans les Cordes est disponible à la date de cet article). L'histoire forme un tout, avec un début et un dénouement, conclut en 126 pages.
La capitale fournit la ligne directrice de cette suite, pour l'instant inachevée. Pas le Paris des touristes, la ville musée et ses cabarets aux enseignes criardes. Plutôt le Paris des voies de traverse, des chambres sordides, des bars de nuit aux arrière-salles enfumées et des boulevards nocturnes. Un univers beaucoup plus prosaïque, bien éloigné des clichés glamours. L'univers quotidien des petites gens, une foule bigarrée et anonyme, entre travail chagrin, débrouille et délinquance.
On suit l'itinéraire d'Abe et de ses potes, petits délinquants embarqués dans la spirale de la toxicomanie, de l'alcoolisme et de l'autodestruction. Un désert culturel en toile de fond pour une existence ne se souciant guère du lendemain, avec comme seul exutoire la violence.
« La majorité des gens ont peur de la vie et la seule chose qui les empêche de se flinguer, c'est de croire qu'il y a une justice, que, finalement, tout ira bien pour eux. À aucun moment ils n'envisagent la vie comme un processus chaotique, comme quelque chose de fortuit, qui ne doit pas son cours à une volonté supérieure mais seulement à un lancer de dé. Un dé dont on ne connaît ni la forme, ni le nombre de faces. »
Paris la nuit se lit comme un instantané en noir et blanc. Dans un style oral, heurté, visuel et rapide, Jérémy Guez parvient à dévoiler de façon convaincante le malaise et le nihilisme d'une jeunesse perdue. Il ne fait aucun doute que je le suivrai pour son prochain roman.