La Galice jusqu'à l'hallali
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Daniel Saldaña París n'est pas le premier auteur mexicain à titiller l'ange du bizarre, c'est même une sorte de spécialité locale, au même titre que le mezcal et les pyramides précolombiennes. Parmi d'étranges victimes, titre énigmatique s'il en est, nous convie à découvrir la morne existence de Rodrigo, un bureaucrate à la fois cynique, misanthrope, indolent et résigné qui épouse presque par hasard une jeune femme aussi terne que lui. Racontées à la première personne, les confidences de Rodrigo, capable de rester des heures à contempler de sa fenêtre une poule picorant sur un terrain vague adjacent à son habitation, sont délectables et dotées d'un humour constant, dans toute la première partie du livre. Mais sans que rien ne l'annonce, le roman s'intéresse ensuite à d'autres personnages avant de revenir à son antihéros, mais cette fois à la troisième personne, ce qui, fatalement, nous éloigne du susdit, d'autant que ce dernier semble de plus en plus évanescent et passif, plongé dans des aventures sans véritable queue ni crête (pour en revenir au gallinacé précédemment évoqué). Il est dommage que ce premier roman d'un auteur de moins de 30 ans (à sa parution) se perde ainsi dans un enchaînement d'événements auxquels on ne demandait pas d'être nécessairement crédibles mais au moins de se poursuivre sur la note goguenarde et un rien cruel du début. Ceci posé, pourquoi ne pas garder un oeil sur Daniel Saldaña París, qui a déjà pondu (sic) un deuxième roman, pas encore paru en français. A ce propos, il est indispensable de rendre hommage à la traduction exquise d'Anne Proenza, qui restitue parfaitement le style ironique et parfois précieux de l'auteur mexicain.
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Créée
le 15 oct. 2019
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