Dans la famille Rossetti, on se plait à taquiner la muse. Auteur de The Vampyre, l’oncle John Polidori a fréquenté les Shelley et Byron au temps de sa jeunesse. Les sœurs Marie et Christina composent des poèmes et leur frère Dante Gabriel ajoute la peinture à ce talent. Mais, si la muse est favorable au clan, elle se montre aussi jalouse. Une jalousie mortelle.
Qu’est-ce qui rapproche cette illustre famille du couple formé par John Crawford et Adelaïde McKee ? Qu’est-ce qui unit leur destin à celui d’un obscur vétérinaire et d’une prostituée ? Les nephilims, ces créatures antédiluviennes, bien plus vieilles que l’humanité, nées des plus anciennes strates de la Terre. Un mythe pour le commun des mortels, une malédiction pour ceux qu’elles ont choisi. Comment se libérer de leur emprise ? Comment briser leur malédiction ? Pour le clan Rossetti comme pour Crawford et McKee, la question se pose avec acuité.
Avec Parmi les tombes, Tim Powers reprend la recette qui lui avait si bien réussi avec Le Poids de son regard (attention, chef-d’œuvre !). L’occasion de revenir à l’époque où le soleil ne se couchait jamais sur l’Empire britannique, dans le milieu des poètes romantiques anglais. L’auteur californien porte cette fois-ci son regard sur des représentants éminents du mouvement préraphaélite, témoignant une nouvelle fois de sa passion pour cette période de l’histoire.
Hélas, on ressort avec une impression mitigée de cette immersion. Certes, la qualité de l’atmosphère n’est pas en cause, bien au contraire, elle brille encore par sa vivacité et son humour. A grand renfort de détails prosaïques et truculents, Tim Powers invoque une image picaresque de la capitale britannique. Nous sillonnons ainsi ses angles morts, des zones interlopes hantées par des fantômes, les coquilles creuses d’existences passées. Des lieux cachés et souterrains, pourtant situés à deux pas de l’agitation des grands boulevards, où vivent des créatures issues d’un imaginaire fantasque et folklorique.
Tout ceci n’est pas sans rappeler Neverwhere de Neil Gaiman, voire Les Voies d’Anubis pour rester chez Tim Powers. Et tout ceci agace et ennuie, tant l’impression de lire une redite du Poids de son regard prévaut, malgré les circonvolutions d’une intrigue fertile en rebondissements, mais ne faisait pas l’économie de quelques longueurs.
Bref, loin d’atteindre l’acmé du Poids de son regard, Parmi les tombes se contente de rejouer avec paresse une partition déjà entendue. Dommage…
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