Publié sur L'Homme qui lit :


Il y a les thrillers qui se ressemblent, ils se lisent avec une facilité déconcertante, on anticipe la plupart du temps l’évolution de l’histoire, les implications, qui sont les salauds, qui va mourir et comment le roman se terminera. C’est la recette facile, le truc sans risque pour les écrivains du genre qui laisse généralement le lecteur satisfait mais c’est souvent aussi vite oublié que dévoré. Et puis il y a ces bouquins atypiques, plus denses que la moyenne, qui essaient de nous semer au fil des pages, qui distillent les indices au point qu’on a irrémédiablement envie d’avancer pour en savoir un peu plus. C’est une prise de risque, qui parfois paie, mais qui peut décevoir si l’acmé n’est pas à la hauteur des espérances.


Pour son premier roman, la parisienne Charlotte Farison n’a pas choisi la facilité. Son récit est raconté par la voix de deux personnages, Shula et Arturo, et même si l’on imagine que les deux récits vont à un moment entrer en collision, et que la lumière se fera sur ces histoires à priori sans aucun rapport, il faut s’armer de patience.


Nous sommes donc en 2002, et Arturo est un jeune homme un peu paumé, un peu hybride, qui se retrouve engagé par le PDG aussi invisible qu’énigmatique d’Hermonia, société nébuleuse spécialisée dans la sauvegarde des données d’autres entreprises, misant énormément sur le cloud. Chargé de gérer la branche mécénat de la société, Arturo prend la suite de Lise Marshall, décédée dans un dramatique accident de la circulation. Seulement dans sa boîte, rien n’est simple, et il se retrouve rapidement au croisements d’histoires et de querelles qui le dépassent, et dont il n’est pas certain de tirer son épingle du jeu.


Shula elle, est danseuse. Enfin, elle enseigne la danse à Paris, mais se livre également à des danses privées lors d’évènements particulièrement bien payés, histoire de mettre de l’argent de côté. Après qu’un contrat dans une immense villa de la Côté d’Azur ne vire au bain de sang, elle se retrouve malgré elle en exil forcé à Vienne, entourée de Victor Khan et de son associé, auxquels elle n’est pas tout à fait libre de fausser compagnie…


Arturo et Shula se remémorent pourtant des bribes d’une vie antérieure menée sur une île sans nom, qu’on comprend avoir été la proie d’une guerre civile, et dans laquelle des sociétés de mercenaires ont beaucoup gagné, et dans laquelle ils auront beaucoup perdu.


Ce roman atypique m’a laissé un sentiment très ambivalent à la fin de la lecture. Le livre fait plus de 600 pages, mais certains chapitres sont alourdis par des longueurs, et même si l’histoire est dense et globalement intéressante, je ne suis pas certain d’avoir bien saisi le dénouement de l’histoire, ce qui est un peu décevant après ces longues heures de lecture d’une intrigue languissante. Il faut pourtant reconnaître que d’une part, pour un premier roman, le récit est audacieux, et j’ai aimé cette histoire complexe et inattendue, et que d’autre part l’écriture de Charlotte Farison est talentueuse, car j’ai été happé dés les premières pages par ce style direct et envoûtant qui m’a rappelé Marco Mancassola. Une bonne lecture, dans l’ensemble, et une auteur à suivre.

Lubrice
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Ma bibliothèque virtuelle, Service de presse et Lus en 2017

Créée

le 26 avr. 2017

Critique lue 281 fois

Brice B

Écrit par

Critique lue 281 fois

D'autres avis sur Parmi les vivants

Parmi les vivants
Cortex69
7

Critique de Parmi les vivants par Cédric Moreau

Premier roman français à rejoindre le prestigieux catalogue des éditions Super 8, Parmi les vivants s’avère être un thriller aussi astucieux qu’efficace dont le dénouement ne manquera pas de vous...

le 2 mars 2017

Du même critique

Le Secret de Brokeback Mountain
Lubrice
9

Critique de Le Secret de Brokeback Mountain par Brice B

Ah, qu'il m'en aura fait verser des larmes, ce film. Il en a fait également couler, de l'encre, lors de sa sortie. Film gay ? Pas vraiment. Le secret de Brokeback Mountain fait parti de ces films qui...

le 7 janv. 2011

47 j'aime

3

Le Livre des Baltimore
Lubrice
10

Critique de Le Livre des Baltimore par Brice B

Publié sur L'homme qui lit : L’ébulition de la rentrée littéraire retombe à peine sur les très ennuyeux prix littéraires, que la sphère culturelle s’agite de nouveau, et qu’un seul nom revient sur...

le 3 oct. 2015

30 j'aime

1

Le vent se lève
Lubrice
8

Critique de Le vent se lève par Brice B

Le film commence par une séquence forte. On assiste, impassibles, à la mort d'un jeune homme de 17 ans, mort sous coups des soldats de la couronne pour avoir refusé de décliner son identité en...

le 7 janv. 2011

25 j'aime