Artiste « touche-à-tout », Émilie Courts publie, avec ce recueil de poèmes intitulé « Paroles d'une malicieuse vague sombre », son douzième ouvrage (un par an) et son cinquième chez Écho éditions.
De sa biographie, nous avons noté qu’Émilie Courts a publié son premier ouvrage qui était un essai sur les rituels ésotériques des sorcières, au Moyen Age et qu'elle a un goût particulièrement prononcé pour l'ésotérisme et l'horreur (entre autres genres). Dans « Paroles d'une malicieuse vague sombre », c'est bien le mysticisme, l'attrait pour le fantastique qui constitue le thème de ce recueil de poèmes. Des genres qui ne pouvaient que nous attirer, nous qui, si nous en avons, depuis bien longtemps, retiré la garde-robe, restons profondément gothique (principalement dans la lignée du « Dracula » de Bram Stocker).
Mais, voilà, si cela facilite d'avoir un univers commun, cela ne suffit pas lorsque celui-ci est traité de façon commune ! Ce n'est pas parce que l'on est grande amatrice d'un genre que l'on est légitime quand on en le traite en « amateuriste » !
Alors, oui, il y a des « petites choses », par-ci par-là, au détour d'un verset, d'une strophe, dans « l'esprit » d'un poème (écrire « poème », nous est très difficile et douloureux), qui ont le mérite d'exister, dans ce recueil. Mais, même si l'on ressent la volonté de « bien faire » dans un bon nombre de ces textes, il y manque le « savoir-faire » ! A chaque fois qu’Émilie Courts aborde une idée intéressante, on se demande pourquoi elle ne finit jamais, ne va jamais jusqu'au fond du sujet, restant « profondément superficielle » !
Émilie Courts a commencé à écrire à l’âge de dix ans et cela est très bien. Ce qui l'est très largement moins, c'est que sa maturité, entant que poétesse s'est clairement stoppée au niveau de ses quinze ans, pour ce qui est de ce recueil « Paroles d'une malicieuse vague sombre » ! Et ce à un tel point que, très vite, la question qui est très vite venue se poser durant notre lecture fut « Quel âge a l'autrice ? ». Ne la connaissant absolument pas avant de lire ce recueil, nous pensions, du coup, qu'elle devait être une petite jeune débutante. Depuis, c'est de savoir à quelle époque Émilie Courts a rédigé (non, ne nous demandez pas de dire « composé »), ces poèmes, nous disant, en nous-même, qu'elle a dû récupérer sa poésie d'adolescente dans ses vieux dossiers pour constituer ce recueil – qui, en plus, est fait de bien trop de textes (59!!!). Si c'était le cas, nous pourrions saluer une poésie d'ado de bonne facture pour son âge et n'aurions qu'à reprocher le fait que cette information ne soit pas donnée au lecteur.
Cette lecture est d'autant plus une déception que nous avons bien senti, au travers des pages, que l'autrice doit avoir des auteurs communs avec nous, tels qu' Edgar Allan Poe, Charles Baudelaire, Lord Byron et des œuvres de génie comme « Dracula », « Faust », et quelques autres.
Alors, si la poésie d'adolescence emprunte de gothisme vous parle ou vous fait envie, n'hésitez pas à vous procurer « Paroles d'une malicieuse vague sombre », d’Émilie Courts. Dans le cas contraire - comme nous -, abstenez-vous et replongez-vous plutôt dans les classiques du genre, gardant, tout de même, de l'indulgence pour ce recueil et son autrice.
Christian Estevez