François, professeur de philosophie issue de la bourgeoisie parisienne rencontre Jennifer, modeste coiffeuse arrageoise ; c'est ainsi que débute cette histoire d'amour impossible. En dire plus serait gâcher le fond de ce court roman ; alors j'en attaquerai principalement la forme.
D'abord, on se place du point de vue de François : tout est vécu dans le cadre de la démarche philosophique. Je parle du schéma logique, du vocabulaire, et - il faut bien l'admettre - d'une lourdeur inhérente à ces explications. Ce n'est pas inintéressant : mais pour certains, le discours sera un peu indigeste, et pour beaucoup, certains passages seront pénibles à lire. Je pense, à la décharge de l'auteur, que c'est une démarche volontaire : le discours rapporté qui monopolise les cent cinquante pages de l'ouvrage, la narration entre passé et présent, les pensées plus souvent décrites que les actes... Tout cela exprime le côté passif, égocentrique, immobile du personnage de François, et les rares passages en discours directs soulignent ainsi bien l'essentiel !
La plume est habile dans le sens où elle sert son propos... Mais encore une fois : cela nuit parfois (à mon avis) à la lecture, et la fin a quelque chose de dérangeant, d'inachevé...
J'en conseille cependant la lecture : ce roman a quelque chose de mémorable dans sa démarche, et il ne prend pas son lecteur pour un idiot ! Alors si vous n'avez pas de problème à voir des bribes de Kant dans un roman : foncez !