Eduardo Fernando Varela n'est pas un homme ordinaire. Auteur de scénarios pour le cinéma, il partage son temps entre Buenos Aires et Venise où il tient une boutique de cartes anciennes. Pas banal, non, et son premier roman, publié à 60 ans, ne pouvait pas l'être non plus. On a beau connaître (un peu) la Patagonie ainsi que les livres ou les films (ceux de Carlos Sorin, par exemple) qui la prennent pour décor, La marca del viento (Patagonie route 203 en français) s'impose par son originalité et sa bizarrerie. Et comme son titre original, le vent, omniprésent, y sculpte non seulement les paysages mais aussi les individus peu diserts et répondant rarement directement aux questions en se moquant régulièrement de leur interlocuteur, qu'ils étiquètent obligatoirement comme venant de la capitale argentine. Les dialogues, souvent absurdes, sont l'un des plaisirs du roman, mais ils se font un peu attendre et sont précédés d'une certaine langueur qui se développe sur de longs kilomètres, où l'on a le temps de faire connaissance avec le personnage principal, musicien en rupture de ban, solitaire avec un saxophone pour compagnon, lancé sur des routes où l'horizon se marie avec l'infini. Mais le livre raconte aussi une histoire d'amour et la confrontation de deux mondes dans ce road-trip existentiel et parfois onirique. Il se passe de drôles de trucs en Patagonie et on y croise de singulières personnes mais tout est dans le plaisir de la découverte et il serait dommage d'en dévoiler davantage. Patagonie route 203 est un voyage en terre incongrue où une seule chose est certaine d'arriver : un vent terrible et capricieux qui décoiffe jusqu'aux guanacos.

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le 6 nov. 2020

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