Patton est une icône. Tout le monde connait ce général au verbe haut (et souvent vulgaire), ses colts à crosse d'ivoire, son casque étoilé, son air martial et sa voix forcée. Avant d'être un soldat, Patton c'est un style proche de la caricature située à mi chemin entre le Sgt Hartman de Full Metal Jacket et le Major TJ King Kong de Dr Folamour. Sa carrière, ses rapports au média, son égo démesuré, sa localitis, tout indique qu'à la manière d'un Erostrate, Patton veut marquer l'Histoire. Et de ce point de vue, c'est réussi ! Peu importe qu'il n'ait jamais défait Rommel son adversaire désigné, ou qu'il n'ait pas participé au débarquement. Patton n'est ni Joukov, ni Von Manstein, ni MacArthur. Il n'est que le faire-valoir de Montgomery, un général sans audace et sans génie, et le némésis d'Eisenhower, un chef très politique incapable de briller sur un champ de bataille.
Anticommuniste de classe, antisémite et raciste de conviction, Patton incarne parfaitement l'Amérique un peu balourde que les médias européens aiment caricaturer. Sa notoriété rappelle que l'Histoire est exclusivement écrite par les vainqueurs et que ces derniers n'hésitent pas à transformer les valeureux soldats un peu charismatiques en (super) héros.
Patton reste cependant un patricien dévoué et un formidable meneur d'homme qui eut le mérite de comprendre avant beaucoup l'importance des chars. Comme MacArthur, il est atteint de localitis et souhaite poursuivre la guerre contre les Soviétiques dans une Europe exsangue. Insubordonné, souvent incontrôlable, sa mort accidentelle au lendemain de la guerre fit beaucoup pour transformer le héros en véritable mythe.