Ce recueil se compose de 14 nouvelles. Les 7 péchés capitaux puis les 7 vertus capitales. En lisant ces nouvelles, j'ai eu l'impression de me retrouver dans un recueil de nouvelles de Sade, intitulé Les crimes de l'amour et pour le coup, c'est une comparaison flatteuse. Je m'attendais, naturellement, à lire des nouvelles mettant en scène les pires côtés de la nature humaine, d'un côté, et les meilleurs de l'autre. Ce n'est pas aussi évident cependant et même les nouvelles ayant pour titre des vertus capitales se retrouvent empruntes d'une cruauté désespérée, poignante à même de mettre mal à l'aise; comme cette jeune fille défigurée tombant amoureuse mais refusant le bonheur pour se complaire dans une posture misérable incompréhensible (La Résignation). Dans ce recueil, l'avarice prend les traits d'une actrice montante au visage angélique, le mal et la beauté ne sont jamais où on les attend. Je ne résiste pas à vous transcrire un passage de L'Avarice, pour vous donner une idée de la plume de Scerbanenco et, peut-être, vous convaincre de lire :
"Eh bien, vas-y!" Hurla-t-il, déchiré intérieurement parce qu'il la comprenait comme seul un homme peut comprendre la plus épouvantable des femmes s'il en est amoureux. "Montre-moi où tu gardes le butin, le grisbi. Allez, debout, le coffre-fort est dans ta chambre à coucher, je le sais, dans le mur derrière la glace. Donne-moi les papiers, les chéquiers, les papiers de la banque, les reçus. Allez! Allez!"
Elle se contenta de rester assise, ne levant les yeux qu'une seconde.
[...]
"Tu ne le feras jamais, tu entends?" Il se remit à hurler. "Ni demain ni dans un an. Jamais tu ne donneras un centime à qui que ce soit. Tu laisserais crever ton fils de faim si tu en avais un, comme tu as laissé crevé de faim ton propre frère, tu renoncerais à tout dans la vie, moi y compris, sauf à l'argent. Donne-moi les clefs d'en bas, tout de suite, sinon je ne réponds plus de moi".