Un recueil "pop savant" gâché par huit textes trop faibles, mais contenant quatre vrais bijoux.
Publié en 2011 chez Léo Scheer, le deuxième recueil de l'intéressant polygraphe Alessandro Mercuri, après son "Kafka Cola, sans pitié ni sucre ajouté", présente beaucoup de textes intéressants, mais souffre hélas d'une composition un peu hasardeuse qui aboutit à une lecture trop inégale...
Si les douze textes témoignent tous d'une étourdissante culture dynamique, mêlant adroitement savant et populaire, trop d'entre eux ne dépassent pas le stade du bref paradoxe joueur, ou de la brève de comptoir culturel, dont le propos n'est pas à la hauteur des moyens employés : c'est typiquement le cas de "Malavita filosofica" où la mise en scène des philosophes et l'éloge de Schopenhauer finissent par se diluer sans grande force, de "Le bon, l'obscène et le vulgaire", où le tacle bien conduit sur le mépris culturel d'un Nicolas Sarkozy n'entraîne que bien artificiellement l'encensement de la répétitivité vulgarisatrice d'un Michel Onfray, de "La voie de son maître", qui tire bizarrement sur la facile cible des syndicalistes, dans une époque où il me semble tout de même qu'il y en ait de meilleures, plus difficiles à abattre et plus nécessaires à éradiquer, de "Castorama", où humanisme et défense des âmes animales se noient dans une alternative artificielle, et de plusieurs autres...
C'est dommage, bien entendu, car quatre textes, vrais bijoux, font eux regretter ce que pourrait donner un recueil entièrement hissé à cette hauteur : le "Mondo kawai" sur la spécificité de la violence de dessin animé est subtil et remarquable, "L'infini mois un" fournit une superbe lecture, intelligente et originale, du mythe de Superman, le "Mandrake est Mandrake", d'une rigoureuse habileté, éclaire avec finesse le statut très spécifique de ce personnage myhtique de l'entre-deux-guerres et de son usage de la prestidigitation, et enfin le "Turkish Delight", très intéressante variation sur la fée électricité et son noir pendant, le blackout.
Un auteur à suivre indéniablement, en espérant qu'il soit plus exigeant, au fil du temps, dans la composition de ses recueils.