Pétrole !
7.6
Pétrole !

livre de Upton Sinclair (1931)

En lisant Pétrole on comprend très vite pourquoi Roosevelt avait qualifié Upton Sinclair de "muckraker", c’est-à-dire de "fouille-merde". Sinclair, à défaut d'avoir la plume d'un Hemingway ou d'un Faulkner, a la hargne d'un Zola et le souffle d'un Tolstoi. Rien d'innovant dans son écriture, pas de quoi ébranler la littérature, en revanche tout ce qu'il faut pour titiller ceux qui la regardent de haut : les politiciens, les banquiers, et bien évidemment les trusts, ces énormes corporations aux appétits d'ogres dont les poches sont tellement lourdes d'argent qu'une seule poignée suffit à acheter les deux puissances citées précédemment..


Pétrole ce n'est pas l'histoire d'un magnat de l'or noir (Arnold Ross) mais c'est celle de son fils Arnold Ross Junior dit Bunny. Un jeune prince du pétrole que l'on observe grandir durant 1000 pages. D'abord jeune garçon fasciné par son "Papa" et par son métier qui consiste à deviner si la terre renferme le pétrole, à ruser pour l'obtenir aux meilleurs prix, à faire céder les concessions aux propriétaires et enfin à élever des Derricks qui boivent en elle comme dans un milkshake. Une activité passionnante pour le jeune Bunny. Mais le garçon grandit et découvre le socialisme et la lutte syndicaliste.


Une fresque politique dénonciatrice qui choisit comme angle d'attaque les questions morales d'un jeune millionnaire habitué au confort mais qui réalise en grandissant que le métier de son père est surtout fait de magouille, de pots-de-vin et qu'il est cause d'une injustice innommable. C'est l'histoire d'un jeune garçon promis aux mondanités mais qui s'entiche de la cause ouvrière au risque de nuire à son père. Une façon pour Sinclair de décrire deux mondes à la fois, celui des grandes fortunes et celui des laissés pour compte victimes de leurs dégâts collatéraux.


La plume de Sinclair n'est pas innovante mais n'en reste pas moins agréable, et les 1000 pages du roman se lisent avec un réel plaisir. Les seuls défauts sont finalement inhérents à l'époque de rédaction puisque Sinclair, habité par son engagement politique, offre un roman sans teinte, tout dévoué à la cause bolchevique, jamais entrain de la remettre en question alors que nous lecteurs savons avec le recul de l'Histoire de quoi il en retourne.

-Alive-
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le 22 juil. 2016

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