La Galice jusqu'à l'hallali
Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...
le 28 mai 2022
79 j'aime
4
La littérature singapourienne a rarement été traduite en français. La parution de Ponti, premier roman de Sharlene Teo, très bien accueilli dans les pays anglo-saxons, est une bonne occasion de s'y frotter, par curiosité d'abord, avec cette irrépressible envie de voyager par procuration qui anime un grand nombre d'amateurs de fiction. Ponti est un livre assez sombre mais il est tout de même nuancé d'une bonne dose d'humour et d'ironie, s'étageant sur des époques différentes, de 1968 à 2020, à travers trois personnages principaux féminins sur le principe de la narration alternée : Amina, éphémère actrice d'une trilogie horrifique (Ponti) ; Szu, sa fille adolescente ; Circé, la meilleure amie de la précédente, que l'on retrouve adulte, quelques années plus tard. Trois beaux portraits de jeunes femmes, pas conventionnelles et au caractère complexe, confrontées à un monde auquel elles s'identifient peu. Les quelques personnages secondaires sont eux aussi hors normes que ce soit le réalisateur des Ponti ou encore la tante spirite de Szu. L'écriture de Sharlene Teo est superbe, ample et précise, parfois élégiaque, mais le plus souvent assez noire, nous transportant dans cette cité-Etat de Singapour au climat suffocant quand la brume ne la recouvre pas. La romancière, via les vies croisées de ses héroïnes au fil du récit, témoigne d'un grand pessimisme sur la condition humaine, l'existence ne semblant pour elle qu'une série de défaites successives, jusqu'à la fin. Cela n'est pas très gai mais il y a aussi un climat fantastique par endroits qui rappelle peu ou prou l'ambiance des films de fantômes chinois. Sharlene Teo a écrit un livre très dense qui met notamment en avant les difficiles relations entre mère et fille et, en parallèle, celles d'une amitié non moins compliquée entre adolescentes, avec beaucoup de subtilité et dans une atmosphère flottante assez envoutante pour peu qu'on se laisse prendre à ses sortilèges. Un roman mélancolique avec quelques éclairs de flamboyance et de luxuriance, comme l'illustre parfaitement la magnifique couverture de la maison d'édition Buchet/Chastel.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Mes livres de 2019
Créée
le 29 mai 2019
Critique lue 109 fois
Du même critique
Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...
le 28 mai 2022
79 j'aime
4
Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...
le 25 août 2021
79 j'aime
5
Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...
le 25 sept. 2021
72 j'aime
13