Edwige Danticat a quitté sa terre natale à 12 ans pour rejoindre ses parents aux Etats-Unis. Mais jamais la romancière, comme tous ses compatriotes d'exil, n'a oublié d'où elle vient, ce pays qui nourrit son imagination et ses livres : Haïti. Au commencement de Pour l'amour de Claire (son titre en V.O est plus poétique : Claire of the Sea Light), une petite fille comprend que son père, pêcheur et veuf depuis sa naissance, va l'abandonner à une autre femme, pour lui donner une chance d'avoir une vie décente. Claire disparait à cette annonce alors que l'on repêche le corps d'un homme noyé par une énorme vague. Le lecteur devra attendre le dernier chapitre pour savoir ce qu'il est advenu d'elle. Entre temps, Edwige Danticat va tisser plusieurs récits, comme de petites nouvelles, pour raconter, au présent comme au passé, le destin de divers personnages habitant une petite ville côtière non loin de Port-au-Prince. Si l'on est familier de la littérature haïtienne, on y retrouvera des thèmes familiers : l'exubérance de la nature, et les drames qu'elle provoque, le dénuement de la plupart des familles et la richesse insolente de quelques autres, l'omniprésence de la mort et des esprits, la sensualité des corps et la violence des gangs. Edwige Danticat, à sa manière, souvent douce et alanguie, noue et dénoue des intrigues dramatiques, des sorts funestes contre lesquels certaines (ce sont les femmes le plus souvent victimes) se rebellent quand la plupart se résignent. Pour l'amour de Claire est une complainte, réaliste et fantasmée, qui témoigne de la passion d'une romancière pour un peuple et une terre qui tiendront toujours une place privilégiée dans son coeur.

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le 16 janv. 2017

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