Ouvrage très court (et de tout petit format) pour l'intersectionnalité synthétise, en peu de mots, l'essentiel ce qu'il faut savoir autour de cette méthode sociologique qui suscite tant de controverses.
Le style est fluide et direct. Sur le fond, le livre s'attache à réfuter quelques idées reçues sur l'intersectionnalité (désintérêt pour le concept de classe, essentialisation de celui de race, accentuation de phénomènes identitaires) et trace à grands traits les buts de cette méthode, que je peux résumer comme suit:
- s'interroger sur les positionnements d'une minorité en la mettant en relation avec une autre situation minoritaire pour identifier éventuellement des associations et ainsi mieux appréhender les situations sociales des minorités. C'est ce que les autrices appellent poser "l'autre question".
- pousser les producteurs de savoirs à réfléchir de façon approfondie sur leurs biais cognitifs plutôt que de partir du principe de leur neutralité.
Malheureusement l'ouvrage pêche sur un point essentiel, à savoir la supposition d'un ordre dominant qui chercherait à étouffer le discours des minorités qui viendrait le secouer dans une société où il trouve son compte.
Au-delà de ce bémol, force est de constater que l'ouvrage permet de mieux resituer ce concept souvent critiqué et pourtant mal connu.