Voici la suite de Les enfermés, un précédent roman de John Scalzi paru en 2016.
On retrouve donc les deux héros du précédent volume, des agents du FBI. L'un est un Haden (l'agent Shane), l'autre une personne valide (l'agent Vann). Vous me direz, mais qu'est-ce qu'un Haden ?
Je pourrais vous l'expliquer, mais ce serait un peu long. Et puis je l'avais déjà fait pour la critique de : Les Enfermés, et j'ai la flemme de le refaire en détail.
Donc pour faire court : il s'agit d'une personne dont le corps est inerte mais dont l'esprit est transféré via un implant neuronal, dans un androïde ou une personne hôte, elle-même dotée d'un implant (et payée, cher, pour servir de réceptacle).
Le roman est construit comme le tome précédent (peut-être la marque de fabrique de la série ?) :
- un texte d'introduction préliminaire (ici un article de presse)
- le récit proprement dit
- une sorte de mini dossier en lien avec le roman (ici, les règles de l'Hilketa, un sport collectif d'un genre nouveau)
L'Hilketa (meurtre dans la langue basque), est un sport mettant aux prises deux équipes de 11 joueurs, tous Hadens, et tous en cispés (c'est le surnom des robots servant à les accueillir). Le but du jeu est d'arracher la tête du robot désigné comme "chèvre" en début de manche, et de la lancer entre des poteaux pour marquer des points.
Un sport spectaculaire donc, et qui l'est d'autant plus que les joueurs ne pouvant pas réellement mourir dans les engagements plus que physiques que ce sport implique, les joueurs se foutent sur la gueule à l'aide de diverses armes archaïques (épée, arbalète, masses...)
Et c'est justement la mort de l'un de ces joueurs, en plein lors d'un match retransmis en direct, qui va constituer la nouvelle enquête des agents Shane et Vann.
Comme son prédécesseur, il s'agit donc d'un thriller technologique, avec pour toile de fond, outre ce décès initial, un panier de crabes autour de la ligue d'Hilketa qui cherche à étouffer l'affaire pour ne pas effrayer ses investisseurs, et toute une batterie de personnages secondaires plus ou moins impliquées dans cette sordide affaire.
La grande maîtrise des dialogues qui caractérise l'écriture de Scalzi fait mouche, une fois de plus, et fait de ce nouvel épisode une réussite. Malgré la gravité de l'enquête, on rit (parfois) et on sourit (souvent) face à l'humour grinçant de nos deux héros.
Je pourrais reprocher le même côté un peu angélique du final, mais ce serait vraiment pinailler. On est bien content que, dans le monde de la fiction, les enfoirés se fassent punir.
Ce qui rajoute à ce plaisir de lecture, c'est cette fois encore les implications et réflexion sous-jacentes qui parcourent le récit. Car John Scalzi a pensé son univers, et à partir de son postulat de départ (des handicapés moteurs qui se déplacent normalement grâce à des robots ultra chers), il extrapole et va très loin dans la réflexion autour de ce que ce phénomène pourrait entraîner, en bien comme en mal.
Encore un très bon roman à porter au crédit de Mr Scalzi, qui en plus, grand seigneur, prend la peine dans la dédicace de début de livre de remercier, non seulement l'équipe éditoriale de son éditeur américain, mais aussi toutes celles qui permettent à ses livres de trouver leur public à travers le monde.
Je me joins, à mon modeste niveau, à ses remerciements. je suis bien content de pouvoir les lire, ses romans. Merci aux gens de l'Atalante !