Il y a des écrivains que tout concerne et qui rêvent d’attraper l’essence du monde. Il en est d’autr

De Cocteau et de Proust en quelques mots : Si j’aime le premier, c’est qu’il me fait une place dans on œuvre, m’encourage à remplir les pointillés qu’il y a laissé. Si je redoute le second, c’est que son intelligence envahissante et sa sensibilité tentaculaire m’obligent à penser comme lui, le ramène à l’état de simple lecteur, me colonise de façon inquiétante.

Pendant une courte période de notre histoire contemporaine, au moment de la fin des états-nation et l’avènement de l’impérialisme, la croissance économique en France dégage de toutes obligations de revenus des milliers de bourgeois leur permettant de consacrer leur temps à vivre à l’écoute des musiciens, des poètes et des peintres. Ils se lanceront à leur tour dans la création. Paris devint capitale de la sainte trinité laïque : littérature, peinture et musique.
Fin connaisseur des deux œuvres et de l’époque, Claude Arnaud réussit à entrer en empathie pour Marcel Proust (1871 – 1922) et Jean Cocteau (1889 – 1963), deux personnages gémellaires partageant une curiosité dévorante, un désir de plaire et de dominer aussi abrité sous une commune courtoisie.
Nos esprits, ces miroirs jumeaux dira Proust.
Marcel Proust : valétudinaire à l’œil de mouche pensant l’écriture comme hors du monde et seul moyen d’échapper au néant de l’existence.
Jean Cocteau : le génie polymorphe. Les miroirs se contentant de le réfléchir sans le penser, il s’en voit sans cesse renvoyé au mystère qu’ils démultiplient.

Le livre détaille au fil des époques les succès et les oublis et plonge dans l’intimité des artistes pour tenter de mieux les connaître sans jamais les juger. L’auteur tente de comprendre comment, dans une sorte de renversement de l’histoire, l’œuvre d’une vie de l’un, la Recherche, fut installée au panthéon de la littérature française par la postérité et la multiplicité des créations géniales de l’autre presque oubliée de nos contemporains.

Mise en garde de Proust contre l’idolâtrie, l’érudition et le mimétisme : Vos vers sont comme déjà écrits, conformes à ce qui se publie de mieux. Vous ne pensez pas votre art, c’est l’époque qui le conçoit ; comme la lune et les miroirs, vous brillez d’un éclat second.

• Relire la Recherche comme un accouchement interminable, regarder Cocteau de nouveau, le tout grâce à Claude Arnaud.
• Faut-il connaître les œuvres des deux créateurs pour mieux goûter de cet ouvrage ? Surement.
• Toutefois cette clé de 200 pages pour rouvrir l’accès à deux génies d’hier est à la portée de tous.
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le 23 sept. 2014

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