Le petit village africain de Kosawa se meurt, ses terres polluées et ses enfants empoisonnés par les activités d’extraction pétrolière d’une multinationale américaine. Lasse des promesses de réparation non tenues, la jeune génération entreprend de se défendre, par tous les moyens s’il le faut. A leur tête, Thula est prête à y consacrer sa vie.
Lutte du pot de terre contre le pot de fer, le combat à l’origine plein d’espoirs d’une poignée de villageois tenus pour quantité négligeable va s’avérer une partie épineuse, désespérante et usante. Malgré leur détermination d’autant plus ferme qu’elle s’assortit d’une confiance ingénue en leur bon droit et en la justice, rien ne se déroulera selon les attentes de Thula et des siens, les contraignant à user tour à tour de toutes les armes à leur disposition. Intervention des media et d’organisations humanitaires, action en justice auprès des instances internationales, voie pacifique ou violente : leur adversaire est au coeur de bien trop d’intérêts croisés pour se sentir ne serait-ce qu’un instant ébranlé. Surtout lorsqu’à la longue, les habitants de Kosawa eux-mêmes ont toutes les chances de succomber à leur tour aux sirènes de la compromission et de l’enrichissement…
Plus fable politique que roman, le récit rassemble, en une histoire unique et symbolique, tout ce qu’ont pu vivre différents peuples, envahis, assujettis et exploités par des puissances étrangères, motivées par leurs seuls intérêts. Confrontées à l’esclavagisme, puis à la colonisation, et enfin au pillage de leurs ressources avec parfois la complicité de dictatures locales sanglantes et corrompues, bien des populations d’Afrique n’ont eu d’autre choix que de finir par abandonner toute résistance, troquant leurs modes de vie ancestraux contre une conformité dont ils espèrent tant bien que mal tirer leur part du profit.
Malgré sa formidable portée et la justesse de son observation historique et géo-politique, ce texte s’est révélé pour moi d’une lecture difficile et pénible. Lent, long et désespérément répétitif au fur et à mesure de l’alternance des points de vue des différents protagonistes, le récit nous plonge dans un combat aux multiples rounds, tous condamnés à l’échec, où Thula, l’héroïne principale, fait plus figure d’allégorie qu’elle ne s’incarne en personnage réel. L’ensemble en acquiert parfois un côté presque abstrait, qui perturbe l’immersion du lecteur dans le fil narratif.
A défaut de vrai plaisir de lecture, restent une démonstration puissante et une vision d’une sombre lucidité, propres à ouvrir bien des réflexions. Le combat de Thula m’a notamment souvent fait penser à celui, bien réel, des Chagossiens, raconté récemment dans Rivages de la colère de Caroline Laurent.
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