We are the village green preservation society
Ok.
Ce livre a changé ma vie.
Imaginez je suis en terminale option lettres lourdes, j'ai envie de me pendre à chaque fois que je regarde les œuvres au programme, j'ai perdu toute envie de bouquiner, autant dire que j'envisage de me jeter dans la rivière.
Ma mère m'offre ce bouquin pour Noël, comme souvent quand elle m'offre des livres, et comme souvent quand j'offre moi même des livres elle l'a choisit à cause du titre.
Nous habitions alors dans une Vallée Verte, très jolie, mais très sinistrée socialement et économiquement, tu t'ennuies tellement que tu passe ton temps à admirer les collines, en gros. Mais nous étions très heureux. Je me souviens de notre petite maison perchée en haut du massif, de la pente que je descendais en courant le matin parce que j'étais toujours en retard pour mon train et du drôle de sentiment qui me tenait, heureuse de rentrer, contente de repartir. Quand nous avons fermé la maison, fermé la famille et divisé nos cartons en trois moins un, je me suis dis que plus jamais je n'y retournerai et que c'était la fin de mon enfance verte et dorée.
Je pensais que le livre parlait de ça.
En fait oui bien sûr, il y a la scène de début dans laquelle Huw adulte quitte la maison familiale en ruine, et part à l'aventure, mais bien sur c'est plus que ça.
Ce livre, c'est moi, en fait, c'est l'envie d'aller voir ailleurs si j'y suis, c'est courir dans les allées de Tin'O'Cohed en enlevant toutes ses épingles à cheveux parce qu'on est amoureuse de l'homme qu'il ne faut pas, c'est acheter du toffee avec son argent de poche, c'est la gène et la honte de voir pleurer ses parents, c'est faire le mur pour aller écouter les hommes sur la colline, c'est faire l'amour pour la première fois et être responsable même si rien n'est de ta faute, c'est rencontrer quelqu'un qui va bouleverser votre âme, c'est regarder avec désespoir les usines fermer, les mineurs se mettre en grève, se demander si on va survivre quand même et se dire que même si la pire merde vous tombe dessus, même si celui que vous aimez meurt, il y aura toujours un truc tangible, là quelque part, la Vallée et la famille. Et le rugby. Et chanter, tous ensemble, se tenir chaud, préparer une soupe.
Rentrer à la maison. La petite maison perchée en haut du massif, l'odeur du creux du cou de ma mère, le chocolat dans le buffet de la cuisine.
Et qu'elle était verte ma vallée, la vallée de ceux qui ne sont plus.