C'est drôle parce que c'est un recueil de nouvelles fabriqué de toute pièce par l'éditeur français de Carver. Il devrait n'avoir aucune cohérence. Et pourtant, il en a une. C'est comme si chacune des nouvelles partageait les même cellules, les mêmes gènes.
C'est vraiment merveilleux.
J'aime bien Raymond Carver, mais le reste de ce qu'il écrit me semble parfois un peu ennuyeux. Il parle du couple, de quinquagénaires qui ont arrêté de boire, on finit par se lasser. Mais là non. La première fois que j'ai lu ce truc j'étais dans le métro, j'ai oublié de sortir à mon arrêt. Je crois bien que j'ai même manqué deux arrêts. J'ai dû marcher dix minutes jusqu'à chez moi et je me disais, "waow ce livre ! Je crois que j'ai jamais lu un truc pareil". Est-ce que c'est possible d'écrire aussi bien ?
En le relisant (quelques mois plus tard), messieurs-dames, je me sens à nouveau estomaqué.
Carver décrit parfaitement les relations entre les êtres humains. Des voisins, un couple séparé après 15 ans de mariage, un vieil ami de lycée qu'on a pas vu depuis longtemps, ton fils qui revient chez toi parce qu'il n'a plus d'argent. Ce genre de choses.
Il y a des thèmes obsédants dans ce recueil, mais alors, terriblement obsédants. Quels sont-ils ? Les incendies, les chevaux blancs, l'alcool, le mariage. On sent que tout ça vient de très loin. Il y a une magie qui opère, un mystère dont on sait qu'il restera à jamais irrésolu.