Harmut Rosa reprend ici son cher concept de résonance, mais l’éclaire cette fois d'un nouveau concept, celui de disponibilité. Sa thèse dans cet essai est assez simple : à force de chercher à rendre le monde entièrement disponible (intelligible, facile d'accès, proche, rapide, efficient, contrôlable, etc) par le progrès technique, il devient de plus en plus difficile pour nous d'entrer en résonance avec lui. Nous sommes arrivé à un tel degrés de potentialité, que nous sommes plus aliénés que nous ne l'avons jamais été.
La résonance ne peut s’opérer que dans une relation de subtilité entre l'individu et le monde. Trop de disponibilité tue la résonance. La modernité renferme une contradiction, à savoir que toutes les beautés et les plaisirs nous sont techniquement directement accessibles, disponibles, mais ils continuent de nous apparaître fondamentalement vides de sens.
La cause de ce désarrois viendrait de la nature même des expériences de résonance entre l'individu et le monde. En effet, elles ne sont pas contrôlables, elles surviennent de manière inattendu, ne sont pas intelligibles et difficilement reproductibles volontairement. Impossible de se lever le matin et de décider : aujourd'hui je me laisse toucher par ceci ou cela. Des contextes peuvent y contribuer mais difficile d'exiger que notre séjour en vacances nous transforme via une expérience poétique.
Harmut Rosa propose de modifier notre relation au monde pour dans un sens se reconnecter avec lui en le rendant indisponible, fixer des limites, choisir de ne pas le contrôler ou le dominer.
Cet essai constitue à mon sens une sorte d'écologie existentielle, une philosophie écologique.