Kenneth Anger aura mis 27 ans pour publier une suite à Hollywood Babylone, recueil d'histoires plus ou moins surprenante sur le côté trash de la Mecque du cinéma. Mais il faut avouer que ce deuxième livre est beaucoup moins intéressant.
Déjà, les histoires sexuelles sont moins nombreuses, mais il faut dire que le thème de Retour à Babylone est le glauque. Une grosse partie du livre est consacrée aux morts d'acteurs, producteurs, réalisateurs, qui se sont suicidés, avec des catégories bien précises (balle dans la tête, par asphyxie, par médicaments...), mais beaucoup d'entre elles se sont déroulées lors du passage du muet au parlant.
A cette époque, il y avait énormément d'acteurs étrangers qui ont tentés leur chance à Hollywood, la barrière de la langue ne posant aucun problème à ce moment-là, mais dès que le parlant est arrivé, les accents les trahissaient et le public n'aurait rien compris à ce qu'ils disent. Ou alors des gens dont on se rendait compte que la voix nasillarde ne passerait pas.
On a donc à cette époque-là beaucoup de carrières qui se sont arrêtées, et les suicides qui ont suivi.
Il y a certes une histoire croustillante sur Randolph Hearst et la véritable origine du mot Rosebud, mot-clé de Citizen Kane, mais sur ce livre-là, c'est beaucoup plus glauque. J'ai en tête un acteur pédophile qui s'arrangera pour créer un trou dans une caravane pour reluquer la petite Shirley Temple (5 ans !) ou une autre histoire similaire sur le prof de tennis des stars surpris en train de faire des attouchements sur un garçon.
Il y a aussi le style littéraire de Kenneth Anger que je trouve plus agressif, plus subjectif concernant les acteurs, donnant du pédé à tout bout de champ, qui m'a un peu gêné.
Le livre se conclut par un carnet de photos montrant le plus souvent des acteurs, et actrices, dans des postures plus qu'évocatrices, comme Olivia De Havilland en petite tenue, Zero Mostel pris en train de reluquer le décolleté de Shirley Temple (qui était adulte à ce moment-là), une photo de Jean Harlow censurée avec sa poitrine mise en avant, les fesses de Bruce Cabot et l'imposante virilité de Rudolph Valentino.
Ce qui fait que, bien que le livre se lit facilement, il est au fond moins croustillant, plus glauque, sur la face (fesse ?) cachée du Hollywood d'antan.