Pour les adeptes de cadavres retrouvés dans le Nord...
« Retour à la grande ombre » est le titre français d'un roman écrit par l'auteur suédois Hakan Nesser. La première parution de cet ouvrage date de 1995. Son apparition aux éditions Le Seuil, en France, date de 2005. Personnellement, je l'ai lu en éditions de poche chez Points. Son prix est alors de sept euros. D'une qualité classique pour ce type de bouquins, l'histoire se déroule sur un petit peu plus de trois cents pages. Sur sa couverture, l'opus nous est présenté comme une nouvelle enquête du commissaire Van Veeteren. Il m'était inconnu jusqu'alors puisque « Retour à la grande ombre » marque ma rencontre avec son écrivain. Je vous rassure mon ignorance de ses œuvres précédentes n'a en rien gêné ma lecture.
La narration se construit autour d'un cadavre. Ce dernier a été retrouvé dans une forêt sans têtes, sans mains et sans pieds. Les moyens d'identification sont donc bien compliqués. Mais au bout de quelques temps, son identité semble apparaître. Il s'agirait d'un ancien champion d'athlétisme doublement condamné pour meurtres de femmes. L'enquête a alors pour conséquence de faire apparaître quelques doutes sur ces affaires qui datent de plusieurs dizaines d'années. Si jamais l'innocence de cet homme était ce qui avait causé sa mort ?
L'intrigue est sans équivoque. Il s'agit d'un polar. La différence avec mes lectures habituelles dans ce domaine réside dans la localisation du crime et de l'enquête. En effet, malgré la côte évidente qui accompagne les auteurs scandinaves actuellement dans la littérature, je n'avais jamais eu l'occasion de m'immerger dans l'univers de l'un d'entre eux. C'est maintenant chose faite grâce à cet ouvrage prêté par un collègue. On retrouve donc le fil conducteur de l'enquête : découverte du cadavre, identification, recherche du mobil, apparition des premières suppositions, complications de l'affaire, etc. Les grandes lignes sont respectées. Néanmoins, le dépaysement qu'engendre pour moi ce voyage dans le Nord fait que la lecture s'accompagne d'une petite touche différente pas désagréable...
Le scénario est plutôt bien construit. Tout part d'un fait divers. On est tout de suite curieux de l'existence de ce corps. On se pose bon nombre de questions. D'ailleurs nos interrogations partagent celles des policiers. Ces derniers ne savent pas trop où aller dans le sens où ils ne possèdent pas l'ombre d'une piste. Je trouve d'ailleurs que cette période de « brouillard » est assez bien décrite par l'auteur. En effet, il est assez rare de ne pas voir l'enquête débuter au quart de tour dans un polar. C'est ici le cas et cela ne nous dérange pas outre mesure. Au contraire, cela nous laisse le temps de nous acclimater aux lieux et de nous habituer aux personnages. L'immersion est tranquille, agréable et sans brutalité.
L'enquête n'est pas une course contre la montre. Elle n'est d'ailleurs pas particulièrement rythmée. On a réellement à faire à des policiers et des inspecteurs sans pouvoir ni capacité particulière. Ils sont sérieux et appliqués mais ne sont ni Sherlock Holmes ni Jack Bauer. Tout se faire dans les règles et dans les délais. Le seul personnage qui semble posséder une aura particulière est le fameux commissaire présenté en couverture. Van Veeteren semble posséder un temps d'avance et un sixième sens qui ne demandent car s'exprimer pour résoudre le bric-à-brac qu'est l'histoire de ce cadavre sans tête ni membres.
De plus, l'enquête reste locale. On ne loin d'un meurtre qui affolerait tout le pays. Les différents témoins ou suspects vivent donc dans le voisinage. D'ailleurs, la vie dans cette petite bourgade est assez bien retranscrite. On ressent cette micro société qui souffre d'avoir hébergé un double meurtrier il y a des années. Tout le monde s'observe, tout le monde a un avis sur tout. Cette vie de village est habilement traitée par l'auteur. Elle prend toute son ampleur lors des différents interrogatoires. On veut garder ses cadavres dans ses placards. Mais pourquoi ne pas sortir ceux du voisin ?
En conclusion, « Retour à la grande ombre » est un bouquin qui se lit avec plaisir et sans difficulté. Il s'agit d'un polar de qualité qui sans marquer la littérature du genre, saura procurer plein de bonnes choses à ses lecteurs. On s'y plonge avec envie chaque soir et retrouver les personnages est un bon moment. Il ne justifie pas forcément de se l'offrir. Par contre, l'emprunter dans une bibliothèque ne sera pas un mauvais choix. C'est l'occasion de découvrir un nouvel auteur de qualité et ce n'est déjà pas si mal...
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