L'auteur nous explique que la pauvreté de l'Afrique est due à 3 facteurs : l'exploitation de la femme, le manque de scolarisation et la corruption, c'est assez réducteur pour expliquer la pauvreté de l'Afrique. En effet, c'est oublier toute la dimension colonisatrice qu'elle a subie (ce que l'auteur oublie complètement d'aborder, ce qui est assez curieux pour quelqu'un de sérieux comme Cohen) et même sur son thème de la corruption de ces élites, l'auteur oublie de mentionner les corrupteurs, ceux qui corrompent les élites africaines.
Lorsqu'il parle du protectionnisme et de la destruction des campagnes agricoles ainsi que leur politique, Cohen ne parle pas du tout de la soumission de l'Afrique au monde occidental, l'agriculture vivrière est soumise à l'agriculture d'exportation vers les pays occidentaux, la balance commerciale est négative entre les pays africains et les pays occidentaux. Déresponsabiliser le commerce mondial est une erreur majeure.
De plus, l'exemple du Burkina Faso (duquel il ne parle pas du tout), avec la prise de pouvoir de Sankara, en 87, qui voulait lutter contre la corruption, chercher l'auto-suffisance, lutter contre la condition des femmes, etc. Et bien, il se trouve qu'il a été assassiné avec une responsabilité de la France. Cela montre que les rapports impérialistes français en Afrique (avec aussi d'autres exemple comme le Franc CFA) ont bel et bien des rapports avec la pauvreté africaine.
Une autre critique est sa vision optimiste de la démocratie dont on voit son dysfonctionnement avec la situation actuelle. Il dit que le marché va développer la démocratie en Asie mais il y a un contre-exemple à cela assez évident, la Chine.
Il a aussi complètement de parler la crise énergétique. En effet, Jancovici montre que la tertiarisation n'a été possible que par l'abondance et l'abordabilité de l'énergie. Et le fait qu'elle ne soit plus aussi disponible pourrait expliquer aussi, en partie, la pauvreté. En 97, Cohen a subi pourtant des crises énergétiques. Il oublie aussi totalement la question du réchauffement climatique.
Un autre problème est qu'il base sa thèse autour de la qualification, dont il ne définira jamais cette notion clairement. Il laisse entendre que la qualification est le fait d'aller en université. Un agriculteur sans passer par l'université serait donc non qualifié, ce qui se trouve être faux. Ce sont des travailleurs qualifiés qui ne reçoivent pas d'ailleurs de salaire à la hauteur de leurs qualifications. S'il montre que les paysans africains sont détruits à cause du protectionnisme (caractéristique du mercantilisme), que dire des paysans européens détruits par le libre-marché ? Il aurait dû l'expliquer.
Au terme des 27 années qui nous séparent de la parution du livre, on peut émettre le constat que ce marché mondial est un échec. Le marché mondial qui devait amener à une glorieuse période comme aux trente glorieuses, a amené de nombreuses crises financières, énergétiques, économiques, etc. De plus, cette politique a creusé de manière très considérable les inégalités entre les pauvres et les ultra-riches.
Alors le titre "pauvretés de milliers d'individus au sein des nations" aurait dû être préféré à "pauvretés des nations".