Parmi toutes les œuvres que Flaubert avait écrites, Madame Bovary est la première qu'il a publiée alors qu'il en avait déjà écrites auparavant. Alors dans ce livre, Flaubert montre que le style (l'art d'écrire) est un sujet littéraire en soi. Il voulait écrire un livre sur rien et c'est ce qu'est ce livre, il n'est tenu que par la force du style flaubertien.


Le sous-titre "Mœurs de provinces" montre que Flaubert s'inscrit dans une certaine continuité avec Balzac, car l'histoire d'Emma est typique d'un milieu, la province.


Flaubert montre un problème de son temps, le fait de rêver le monde par ses lectures. Mais Emma n'est pas simplement victime de ses lectures, elle prend toutes les décisions sur son mari, Charles, qui est un imbécile heureux. Il est typique de l'homme médiocre qui ne pense pas, il est la projection des envies de sa mère et puis de son épouse, Emma.


Le problème qu'Emma a, c'est que la réalité s'efface au profit des images mentales qu'elle se forge à cause de ses lectures. Cela a un fort écho à notre époque avec comme meilleur exemple, la pornographie. Le bovarysme est le choc de rêves infinis avec la réalité fade, plate et ennuyeuse. L'ennui est d'ailleurs très bien décrit par Flaubert :


"Tout ce qui l'entourait immédiatement, campagne

ennuyeuse, petits bourgeois imbéciles, médiocrité de

l'existence, lui semblait une exception dans le monde,

un hasard particulier où elle se trouvait prise, tandis

qu'au-delà s'étendait à perte de vue l'immense pays

des félicités et des passions."

Et c'est d'ailleurs ce choc, qu'elle avait essayer d'éviter en trompant Charles avec Rodolphe ou Léon, qui la pousse à se suicider. Charles, découvrant ses lettres avec Léon, mourra peu après.


On qualifie souvent Flaubert de réaliste mais il n'est pas réaliste au sens balzacien, chez lui l'impression domine :


« Mais c'était surtout aux heures des repas qu'elle n'en pouvait plus, dans

cette petite salle au rez-de-chaussée, avec le poêle qui fumait, la porte qui

criait, les murs qui suintaient, les pavés humides ; toute l'amertume de

l'existence lui semblait servie sur son assiette, et, à la fumée du bouilli, il

montait du fond de son âme comme d'autres bouffées d'affadissement. »

Flaubert marque son style par l'utilisation stylistique de l'imparfait en le répétant pour accentuer l'ennui :


« Au fond de son âme, cependant, elle attendait un événement. […] Mais, chaque

matin, à son réveil, elle l'espérait pour la journée, et elle écoutait tous les bruits, se

levait en sursaut, s'étonnait qu'il ne vînt pas ; puis, au coucher du soleil, toujours

plus triste, désirait être au lendemain. […]

Après l'ennui de cette déception, son cœurs de nouveau resta vide, et alors la série

des mêmes journées recommença. Elles allaient donc maintenant se suivre ainsi à

la file, toujours pareilles, innombrables, et n'apportant rien ! […] pour elle, rien

n'arrivait, Dieu l'avait voulu ! L'avenir était un corridor tout noir, et qui avait au

fond sa porte bien fermée. »

A propos aussi de son style, on aimera comment Flaubert suggère les scènes sexuelles pour éviter la censure. Même s'il sera quand même dénoncé pour outrage aux mœurs pour son livre.

Tout cela est décrit par Flaubert avec une profonde ironie, moquant ses personnages (Homais, Emma, Charles,...).


Pour finir, j'aimerai reprendre la citation célèbre : "Madame Bovary, c'est moi".

TheoPrinceps
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le 20 juin 2024

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