Une "gamine" se réfugie chez un prêtre après la disparition mystérieuse et inexplicable de sa mère, de sa tante puis de son père. De retour en Irlande après des années vécues à l'étranger, les quatre vivaient reclus dans un lotissement dont la construction semblait définitivement suspendue. Isolés du monde, sans repère, cette étrange famille va progressivement tomber dans la folie avant de se désagréger pas à pas.
Rien d'autre sur terre est un roman dont la narration repose sur les non-dits. Au fil des pages, les mystères s'accumulent tandis que le fantastique s'immisce dans la réalité. Tout au long de ce court roman, le lecteur est saisi par le doute. Aucune de ses interrogations ne trouvera de réponse. Au contraire, la lecture s'achève par une incertitude totale sur la véracité de ce qui a été raconté.
Cette atmosphère spectrale est toutefois desservie par un environnement et des thèmes particulièrement glauques (toute la thématique de la pédophilie en particulier dont on aurait pu se passer). A l'image des protagonistes, le lecteur peut également être habité par une forme de lassitude voire d'ennui face à l'absence totale de réponse à ses interrogations.
La faiblesse du roman réside finalement dans son ressort principal. A la différence de Faulkner qui parvenait à la perfection à suggérer des vérités indicibles, Conor O'Callaghan se contente de ne rien dire, d'oblitérer la réalité, rendant impossible toute lecture approfondie.
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" Il faisait un noir impur. Ce n'était pas le noir qu'on a en hiver, tellement absolu qu'il étincelle. C'était le noir virtuel d'un mois de mai qui allait bientôt s'achever et qui était déjà le plus chaud jamais recensé. Ce noir avait du grain ; il s'effrangeait en tons de gris et de rose, comme une obscurité filmée en vidéo" (p. 64).
" Il est des moments où l'espace vide d'une pièce prend la silhouette de qui a dû s'y tenir et devrait peut-être encore s'y trouver. Dans ces moments-là, cet espace est comme une cavité, voire comme une entrée. Il est chargé d'absence" (p. 198).