Avec ses 460 pages divisées en 99 chapitres, "Sans laisser de trace" est un roman nerveux. Joseph Finder ne perd pas de temps et va directement à l'essentiel : son écriture sans fioritures démontre un vrai sens du dialogue, et j'ai souvent eu beaucoup de mal à m'arrêter tant cette histoire d'enlèvement était prenante et haletante.
Pour ceux qui ne le connaissent pas, Joseph Finder écrit des thrillers situés dans le monde des affaires. Dans ce premier épisode d'une trilogie, il nous parle du détournement d'un container de dollars destinés à alimenter la corruption en Irak, et de rachats de multinationales spécialisées dans les milices armées.
Le héros, Nick Heller, est un ancien militaire des Forces Spéciales qui travaille dans une agence de renseignement privée à Washington. Doté d'un flair hors du commun, il possède un réseau de collègues et de connaissances qui lui permettent d'obtenir toutes sortes d'informations, et à ses heures perdues, il fait preuve d'une ingéniosité digne de MacGyver pour s'infiltrer dans tel ou tel bâtiment. Sympathique avec ceux qu'il aime et sarcastique avec les autres, ce célibataire endurci déteste son père : tel le Loup de Wall Street, ce dernier s'est bâti une véritable fortune grâce à sa connaissance pointue des rouages de la finance, et après une cavale de 10 ans durant laquelle il abandonna sa famille, il croupit désormais en prison pour abus de marché et délits d'initiés. Nick ne porte pas non plus son frère Roger dans son cœur, mais cela ne l'empêchera de voler à son secours quand il se fera kidnapper…
Si les trois-quarts du roman se lisent tout seul, la fin est un peu moins palpitante. Le héros semble un peu trop invincible dans ses phases d'espionnage, et n'en déplaise à l'auteur, le twist final était largement prévisible. La séance d'aveux m'a également semblé beaucoup trop longue et téléphonée, et il faut s'accrocher pour bien comprendre toutes ces histoires de rachat d'entreprises et de comptes off-shore aux îles Caïman. Vu le nombre de consultants et autres experts que Joseph Finder remercie dans sa postface, j'imagine que les évènements relatés sont plausibles, mais n'étant pas un féru de montages financiers et de détournement de fonds, je me suis un peu perdu dans les diverses explications avancées dans les dernières pages. Autre reproche : les personnages secondaires manquent de consistance. La femme et le fils adoptif de Roger passent encore, mais les divers patrons et secrétaires se ressemblent tous, et je vous avoue qu'au bout d'un moment, j'ai fini par confondre tous les informateurs et bidouilleurs qui rendent service à Nick.
Au final, j'ai tout de même passé un bon moment avec ce thriller mêlant économie, infiltration et action. J'ai rarement dévoré un livre aussi vite que pendant les 300 premières pages, et le style incisif de ce romancier me donne envie de découvrir rapidement le reste de sa bibliographie. J'espère simplement que j'y trouverai des personnages plus denses et moins stéréotypés.